Tout a basculé du jour au lendemain pour Sandrine Phadom. Sa fille adoptive, 18 ans, ne peut plus ni marcher ni parler. En juillet, elle a pu rejoindre la Maison Gabriel-Poëdi, située à Nouville. "On peut se reposer." Dans cette structure spécialisée dans l'accueil de jeunes polyhandicapées, des professionnels sauront répondre au mieux à ses besoins. Guillaume, 20 ans, six ans d’hébergement, passe par exemple ses journées dans un centre d’accueil de jour à Montravel, où il peut "avoir plus d’interactions", “faire des choses qui m’épanouissent", raconte-t-il.
"Le grand projet, on ne pourra pas le porter seuls"
Vendredi, les jeunes, leurs familles, les bénévoles et les salariés se sont retrouvés pour fêter les dix ans de la Maison Gabriel-Poëdi. "Dix ans de grands bonheurs et de grandes difficultés", observe Catherine Poëdi, présidente de l'association des parents d'enfants handicapés de Nouvelle-Calédonie, qui gère le lieu. Dans les difficultés, elle pense notamment à la crise sanitaire, quand il a fallu faire face à une pénurie de personnel médical accentué par des démissions. "Cela a créé beaucoup d’angoisses et de soucis dans nos équipes de bénévoles et de salariés." Des mois et beaucoup d'énergie ont été nécessaires avant qu'un équilibre soit retrouvé.
Il faut connaître exactement le nombre de personnes polyhandicapées, leurs besoins et pouvoir leur offrir un accueil qui leur permette un parcours de vie.
Catherine Poëdi, présidente de l'association des parents d'enfants handicapés de Nouvelle-Calédonie
"C’est au quotidien qu’il faut agir, que les personnes polyhandicapées nous interpellent et nous mettent au défi d’améliorer nos pratiques", souligne-t-elle. La journée de vendredi a été une nouvelle occasion d'échanger. Et de reposer une certitude : les solutions d'accueil manquent en Nouvelle-Calédonie.
La structure est pleine et il n'existe pas de perspective. "Le grand projet, on ne pourra pas le porter seuls. C’est qu’une réflexion commune soit enfin menée pour connaître exactement le nombre de personnes polyhandicapées, leurs besoins et pouvoir leur offrir un accueil qui leur permette un parcours de vie", souligne Catherine Poëdi. Pour elle, "ce n'est pas du tout gagné". Alors elle relance l'appel et rappelle l'urgence.