Sénat coutumier : l’incendiaire présumé de la grande case a été mis en examen

Le feu a ravagé la grande case dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 novembre.
L'incendiaire présumé de la grande case qui se dressait à nouveau au sénat coutumier a reconnu les faits. L'homme de 35 ans interpellé samedi soir a en tout cas expliqué qu'il est entré dans l'enceinte du sénat par la plage et a mis le feu à la paille avec un briquet. Lundi soir, il a été mis en examen et placé en détention provisoire.

Il a été mis en examen ce lundi soir et placé en détention provisoire. Mais qu’est-ce qui a motivé un geste pareil ? L’homme de 35 ans interpellé samedi soir à Nouméa "a reconnu son implication" dans l’incendie au sénat coutumier. Celui qui a brûlé ce week-end la grande case tout juste reconstruite après le dernier feu, provoquant stupeur et tristesse. 

Déclaration à la police

C’est ce qu’a confirmé le communiqué transmis lundi par le procureur. Lors des constatations faites sur les lieux, relate Yves Dupas, le service territorial de police judiciaire de Nouméa n’avait aucun témoignage sur les circonstances du sinistre, "dont l’origine criminelle paraissait cependant très probable". Et voilà que vers 2 heures du matin, soit quelques heures après le brasier, un homme déclare "spontanément à des agents de la police municipale : 'C’est mon chef qui m’a dit de brûler la case'." Semblant ivre, il vient d’être interpellé en flagrant délit de vol et tentative de vol dans des véhicules, au centre-ville.

"Moment de rancœur et de colère"

Au cours des auditions durant sa garde à vue, le récit est autre. L’homme, continue le procureur, précise être parti de chez sa sœur qui l’hébergeait au squat du Kuendu beach. Car l’association du squat l’a avertie d’une éventuelle expulsion, suite au comportement de son frère. "Sur le chemin, en passant devant le sénat coutumier, il décidait ‘dans un moment de rancœur et de colère’ par rapport à sa situation, de pénétrer dans l’enceinte en passant par la plage. Et de mettre le feu à la paille de la case au moyen de son briquet." L’incendiaire aurait quitté les lieux en constatant qu’il y avait beaucoup de fumée. 

Antécédents

Le trentenaire "présente de nombreux antécédents judiciaires, notamment pour des vols aggravés et destruction de biens par incendie ou moyen dangereux". Il "a été élargi du centre pénitentiaire de Nouméa en avril 2022, suite à l’exécution de peines d’emprisonnement, annonce Yves Dupas. Il a par ailleurs été admis au centre hospitalier spécialisé de Nouville à de nombreuses reprises, compte tenu de ses troubles de la personnalité et de son addiction ancrée  à l’alcool comme aux produits stupéfiants."

Expertise psychiatrique

Une expertise psychiatrique a été ordonnée par le parquet, pour évaluer son degré de responsabilité pénale et sa dangerosité, afin de proposer les mesures d’accompagnement judiciaire adaptées. "Le parquet a communiqué au magistrat instructeur des réquisitions de placement en détention provisoire, au vu de la gravité des faits reprochés et du risque de réitération de l’infraction."

La case a brûlé dans la nuit de samedi à dimanche, voyez ces images amateur :

L'incendie du sénat coutumier, 5 novembre 2022 ©Lambert Cinedrawa

"Nous rebâtirons notre maison"

Et le sénat coutumier le redit, formellement cette fois : elle sera reconstruite. "Indignation et tristesse sont les sentiments présents au lendemain de ce sinistre", écrit l'institution dans un communiqué signé de son actuel président, et diffusé ce mardi après-midi. Ses membres remercient "l'ensemble des personnes qui nous ont montrés des signes de soutien car nous refusons de croire que ces actes, aussi lâches soient-ils, soient plus forts que notre volonté à bâtir notre pays. Espoir et solidarité sont les expressions qui définissent dorénavant notre état d'esprit, assure le communiqué. Nous rebâtirons notre maison car c'est le symbole de notre peuple et de notre pays."