Visite ministérielle : l’Etat dévoile le projet de la future prison de Nouméa mais pas son calendrier

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et la présidente de la province Sud Sonia Backès en visite, le 22 février, sur le site de la future prison de Nouméa, sur la presqu'île de Ducos.
C’était l’une des séquences les plus attendue de cette visite ministérielle en Nouvelle-Calédonie. Ce jeudi matin, les contours du projet du futur centre pénitentiaire de Nouméa ont été actés par Eric Dupond-Moretti. Mais on ignore encore la date à laquelle le nouvel établissement remplacera la prison délabrée et surpeuplée du Camp-Est.

« Nous allons faire ce que nous pouvons, ce que je souhaite c’est que les choses se fassent le plus rapidement possible ». C’est l’objectif fixé, ce jeudi matin, par le garde des Sceaux pour la livraison du futur centre pénitentiaire de Nouméa. Un horizon encore vague, alors que l’annonce d’un calendrier était très attendue. Pendant ce temps, au Camp-Est, qualifiée de “prison de la honte”, les recours se multiplient pour dénoncer les conditions d’incarcération “indignes”.

Pas de date précise donc, mais la fin d’une arlésienne : Eric Dupond-Moretti a entériné pour de bon la construction d’une nouvelle prison à Nouméa, un projet maintes fois repoussé, puis finalement annoncé en fin d'année dernière par Sonia Backès, la présidente de la province Sud. 


Cinq cent cinquante cellules

Ce nouveau centre pénitentiaire sera construit dans la zone industrielle de Ducos, en baie de Koutio-Koueta, non loin du Médipôle. Il est à la fois près du cœur de ville et loin des quartiers résidentiels. Ses dix-huit hectares accueilleront 550 cellules (contre 230 cellules actuellement au Camp-Est) pour un total de 600 places. Le futur établissement accueillera les prévenus, les condamnés, les femmes, les mineurs mais aussi un quartier d'isolement. 

L’enveloppe de l’Etat, qui finance entièrement ce projet, est également confirmée : 60 milliards de francs. “C’est énorme ! Je pense que c’est le plus gros investissement de l’Etat en Nouvelle-Calédonie”, a lancé le ministre de la justice. 

Je veux, chaque fois que c’est possible que les détenus sortent avec un contrat de travail, un diplôme.

Le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti


Favoriser la formation et l'emploi carcéral 

Avec 600 détenus en moyenne pour environ 400 places, le Camp-Est affiche régulièrment un taux de sur-occupation de 150 %. Sans compter les très nombreuses personnes, en attente d’un placement en détention. Le travail carcéral y est peu développé, hormis les emplois rémunérées par l'administration pénitentiaire comme la restauration ou le nettoyage des locaux. 

Or, contrairement au Camp-Est, le nouvel établissement sera tourné vers la réinsertion, via la formation et l'emploi carcéral a tenu à souligner Eric Dupont-Moretti. “Je veux, chaque fois que c’est possible que les détenus sortent avec un contrat de travail, un diplôme”. La future prison offrira ainsi "des espaces d'activité, mais aussi des espaces profesionnels, de sport, de culture, avec des détenus qui seront occupés toute la journée et pas livrés à l'oisiveté et au traffic", précise Laurent Ridel, le nouveau directeur de l'administration pénitentiaire à l'échelle nationale. 

ll est indispensable qu’une nouvelle prison sorte de terre.

Eric Dupond-Moretti, ministre de la justice


"Des conditions de détention et de travail indignes"

Ce très gros investissement est nécessaire selon le garde des Sceaux, qui a pu constater in situ l’état de vétusté et la surpopulation du Camp-Est. Sur place, Eric Dupond-Moretti a échangé avec trois détenus, mais cette séquence était interdite à la presse. Le ministre a aussi rassuré les surveillants et le personnel pénitentiaire, avec lesquels il a partagé un moment en début de matinée.

Le garde des Sceaux s’est exprimé à l’issue de cette visite au camp-est. “Nous y avons vu des choses indignes : conditions de détention indignes, conditions de travail indignes aussi pour les personnels pénitentiaires, qui sont totalement investis dans une mission importante. C’est la troisième force de sécurité de notre pays. Il est indispensable qu’une nouvelle prison sorte de terre.”

Le personnel sera ainsi mieux loti, lui aussi, avec un centrre de restauration, des chambres de passage, de meilleures conditions de travail... Les effectifs seront renforcés : trois cents surveillantes à termes. 

Avec la construction de ce futur établissement et la toute nouvelle prison de Koné, la Nouvelle-Calédonie deviendra « la mieux dotée de France », en termes de structures pénitentiaires, a-t-il déclaré.

Vendredi, Eric Dupont-Moretti poursuivra cette visite orientée sur la thématique des prisons. Il est attendu à 10 h 30 en province Nord pour inaugurer le nouveau centre pénitentiaire de Koné, qui a ouvert en 2023.