Les menaces de recours de l'opposition, et la saisine du haut-commissaire par la Fédération des professionnels libéraux de santé (FPLS) auraient-elles poussé l'exécutif provincial à accélérer les choses ? Quoi qu'il en soit, à peine adoptée, la réforme de l'Aide médicale gratuite (AMG) a été presque aussitôt modifiée.
Aucune avance à faire pour les médicaments
Ce mardi, le bureau de l'assemblée de la province Sud est revenu en partie sur l'instauration d'un ticket modérateur de 10 % pour les bénéficiaire de l'AMG en longue maladie. Contrairement à ce qui était prévu initialement, ces derniers ne devront finalement pas payer 10 % de leurs médicaments, de leurs soins ou de leurs analyses médicales.
En revanche, les patients en longue maladie devront bien avancer 10 % du prix des consultations chez les professionnels de santé et pour les visites à domicile. Même chose pour les trajets en transports sanitaires, les fameux VSL.
Éviter les ruptures de soin
Cet ajustement, 15 jours seulement après le vote de la réforme de l'AMG, a été acté pour "éviter des ruptures de soins chez les personnes atteintes de longue maladie", explique la province dans son communiqué. Cette crainte avait été émise une première fois par les professionnels de santé lors de l'annonce de la suspension de l'aide médicale dans le Sud en début de mois. Puis une nouvelle fois lors de l'adoption du texte, le 15 juillet dernier.
Pour mémoire, le texte d'origine prévoit la hausse du ticket modérateur de 10 à 20 % pour l'ensemble des bénéficiaires de l'aide médicale et la mise en place d'un ticket modérateur de 10 % pour les bénéficiaires de l'AMG en longue maladie, ceux de moins de 3 ans et les femmes enceintes. Une mesure qui conduit à une violation des principes constitutionnels de protection de la santé et d'égalité devant la loi, selon la FPLS, qui en avait saisi le haut-commissaire.
Le communiqué de la FPLS :
Calédonie ensemble dénonce "l’impréparation technique de ce dossier"
Déjà vent debout contre ce texte lors de son adoption en assemblée, les élus Calédonie ensemble de la collectivité ont dégainé un communiqué ce lundi 29 juillet avant même l'adoption de ces ajustements. Pour le parti, la décision du bureau de la province Sud constitue "un rétropédalage qui témoigne à la fois de l’impréparation technique de ce dossier et de l’irresponsabilité politique des commanditaires de la fatwa lancée contre les Calédoniens les plus modestes assimilés aux fauteurs de troubles".
Et de conclure en demandant au Congrès de la Nouvelle-Calédonie l'adoption d'une loi de pays "visant à interdire tout ticket modérateur pour les longues maladies, les femmes enceintes et les enfants de moins de 6 ans".
Le communiqué de Calédonie ensemble
Pas de reprise de l'aide médicale sud annoncée
Toutes ces mesures s'appliqueront à la reprise des paiements de l'AMG par la province Sud. Car pour l'instant, l'aide médicale est toujours suspendu faute de trésorerie. Comme elle l'explique de nouveau dans son communiqué, la collectivité a pris cette décision car, "suite aux retards de versement du gouvernement (8,3 milliards de francs à ce jour), la province Sud ne peut plus rembourser l’aide médicale". Et d'ajouter que le dispositif est suspendu "jusqu’à ce que le gouvernement résorbe ses dettes tout comme la Cafat, qui doit plus d’1 milliard de francs à la province Sud", sans indiquer où en sont les dits remboursements. Cette suspension temporaire pourrait donc durer encore longtemps.