Elles sont réapparues en contrebas du tribunal correctionnel, les banderoles de la CCAT. La Cellule de coordination des actions de terrain s’est installée à Nouméa, rue de Metz, ce mardi dès 6h30. Raison de sa présence ? Exprimer son soutien à trois hommes qui devaient être présentés à la justice pour violences envers trois gendarmes lors de la manifestation organisée le mercredi 21 février dans le centre-ville. Leur procès en comparution immédiate a en fait été renvoyé au mardi 26 mars, à leur demande.
Les chefs d'accusation
Deux des trois mis en cause, en récidive légale, restent en détention provisoire au Camp-Est. Ils doivent répondre de violences volontaires avec coups de poing et coups de pied, ainsi que du vol d’une grenade lacrymogène. Le troisième est reparti libre, mais sous contrôle judiciaire. Il est accusé d’avoir asséné des coups à l’aide d’un bâton.
Contre le dégel du corps électoral
Les faits se sont produits, mercredi dernier, non loin du gouvernement et de la mairie. La CCAT manifestait alors - une fois de plus - contre le dégel du corps électoral, à l’occasion de la visite en Nouvelle-Calédonie de Gérald Darmanin, quand la situation a tourné à la confrontation. Cinq gendarmes ont été blessés, dont l’un grièvement. Un épisode dénoncé "avec la première force" par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, tandis que deux groupes non indépendantistes au Congrès, les Loyalistes et le Rassemblement, ont demandé la "dissolution" de la cellule. Ils ont aussi annoncé porter plainte.
Paroles d'avocates
Pour l’avocate des forces de l’ordre, Me Nathalie Lepape, il était important, ce mardi, de rappeler que les violences commises à l’encontre de l’autorité publique sont inacceptables. L’avocate des trois prévenus, commise d’office, est par ailleurs Me Claire Levieil. Elle a déclaré que ses clients expriment un sentiment de regret depuis le début de l’affaire, espérant que cela sera entendu par le tribunal. Pour violences volontaires sur des forces de l’ordre, sans avoir entraîné d'incapacité temporaire de travail, la peine encourue peut aller de trois jusqu’à six ans d’emprisonnement en cas de récidive.
Autres procédures
Un quatrième mis en cause doit être jugé en septembre par la procédure de CRPC, comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Enfin, s’agissant des faits de violences sur un gendarme avec une barre de fer, ayant provoqué des blessures graves et un traumatisme crânien, des investigations se poursuivent pour identifier l’auteur, selon le procureur de la République Yves Dupas.
Contexte politique
Joseph Boanemoa, représentant de l’UC et membre de la CCAT, a pour sa part interpellé les autorités afin de prendre en considération que les jeunes arrêtés l'ont été pour des questions politiques. Les décisions judiciaires doivent en tenir compte, estime-t-il. La Cellule de coordination et des actions de terrain a prévenu, elle reste mobilisée et compte être à nouveau présente le 26 mars, même endroit. Elle demande aussi que toutes autres éventuelles interpellations par les forces de l’ordre soient arrêtées.
Ambiance sur place (images de Natacha Lassauce-Cognard)
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Cédric Michaut