"La vie chère en Polynésie française, ça ne peut pas être qu'une donnée fataliste." C'est ce que déclarait Gérald Darmanin ce week-end, depuis Papeete où il était interviewé. "Je veux dire ici que j'entends le président [Moetai] Brotherson quand il nous invite à lutter contre les monopoles économiques. Il y a trop de monopoles économiques en Outre-mer, en général." Et d'annoncer la mise en place de cette fameuse mission, du ministère de l'Intérieur et des Outre-mer, destinée à identifier les monopoles pour combattre leurs conséquences en termes de "prix très élevés".
Compétences locales
Mais que ce soit en Polynésie ou sur le Caillou, l’Etat n’est pas compétent en matière économique… C'est ce que rappelle le président de l’Autorité de la concurrence en Nouvelle-Calédonie. "Que ce soit le droit commercial, le droit économique, le droit à la concurrence, ça appartient à la Polynésie française, ça appartient à la Calédonie, souligne Stéphane Retterer. Ce sont des compétences territoriales. On ne voit pas trop ce que l'Etat viendrait faire là-dessus."
De droit ou de fait
D'ailleurs, de quoi parle-t-on exactement ? "La notion de monopole économique et de prix élevés, personnellement, [à moi] qui étais en Polynésie française, ça évoque essentiellement la grande distribution, avance-t-il. Donc les monopoles ou les oligopoles en matière de grande distribution, puisqu'en Polynésie française, il y a des monopoles ou oligopoles de fait. Mais il n'y a pas de monopoles de droit, ou légaux."
Contrairement à la Calédonie où on recense les monopoles légaux de l’OPT, pour la téléphonie, ou de l’Ocef, pour l’importation et la commercialisation de viande et de pommes de terre. Il y a aussi du monopole de fait, faute de rentabilité de la filière. C’est le cas d’Aircalin. Des situations auxquelles s’intéresse déjà l’Autorité de la concurrence.
Concernant la grande distribution, l'instance de régulation "a veillé depuis plusieurs années, signale Stéphane Retterer, à faire en sorte que les deux grands groupes qui sont leaders (…) n'aient pas un pouvoir de marché pour pouvoir empêcher toute concurrence".
Multiplication des surfaces de vente
C'est sur cette question que l'annonce ministérielle fait réagir l'UFC-Que choisir. "Le monopole, c'est une chose, pose Gilles Vernier, président de l'antenne locale. Ce qui m'inquiète en Calédonie, et c'est pareil à Tahiti, c'est le nombre de grandes surfaces. Il y en a trop pour la population, il faut faire des économies d'échelle." Deux doivent encore ouvrir à Païta. Or, il évoque un contre-effet constaté à Koné : "Trois nouvelles grandes surfaces se sont installées, les deux stations-service sont ouvertes H24… On s'aperçoit qu'avant, les prix étaient moins élevés dans le Nord que dans le Sud et maintenant, ils sont plus élevés." Ecoutez ses explications.