1 Un audit demandé par l'UC-FLNKS
C'est l'UC-FLNKS qui, en 2017, à l'approche du premier référendum d'autodétermination, avait demandé cet audit, consultable depuis jeudi soir sur le site du Haut-commissariat.
Objectif : analyser les mesures prises par l’Etat pour accompagner la Nouvelle-Calédonie dans le processus de décolonisation, au regard du droit international. Et plus précisément au regard du référentiel de l'Organisation des Nations unies (ONU), construit autour de sept principes : le libre choix du statut politique/institutionnel ; le libre choix du développement économique, social et culturel ; la souveraineté des peuples sur leurs ressources naturelles ; le non-recours à la force ; la coopération internationale ; les flux migratoires et les plans d'action visant à l'élimination du colonialisme.
2Une soixantaine de personnalités rencontrées
Le cabinet d'experts, pas spécialiste de la décolonisation, regrettent les indépendantistes, s'est notamment appuyé sur les témoignages d’une soixantaine de personnalités rencontrées au cours de vingt-cinq entretiens menés en Nouvelle-Calédonie, précise le document. Représentants de l’Etat, agences publiques, élus et représentants politiques de toutes sensibilités, chercheurs et acteurs de la société civile (associations, entreprises, responsables des cultes) ont participé.
Tout comme "deux personnalités qualifiées, choisies par le Haut-Commissariat" : Keisha McGuire et Dominique Bussereau. Avocate et diplomate, représentante permanente de la Grenade aux Nations unies, la première a présidé le comité spécial de décolonisation des Nations unies de 2019 à 2022. Ancien ministre et ancien député, le second a, pour sa part, présidé, à partir de 2014, à l’Assemblée nationale, la Mission sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
3Les conclusions en résumé
Vu de l’ONU, la Nouvelle-Calédonie étant inscrite sur la liste des pays non autonomes, la France devait permettre à ce territoire d’exercer son droit des peuples à disposer d’eux même. Accords de Matignon, accord de Nouméa, transfert des compétences promises : la France a tenu parole estime l'institution, pour qui les trois référendums de sortie sont valides, d’un point de vue technique.
Au niveau développement économique, social et culturel, l’ONU note la persistance des interventions financières de l’Etat d'un côté, des inégalités sociales et économiques de l'autre. Des inégalités qui touchent toujours davantage les populations kanak.
4 Les premières réactions
Après deux heures et demie de discussions avec les indépendantistes et les loyalistes sur le sujet, jeudi, Gérald Darmanin s'est montré plutôt satisfait. "Tous les critères imposés par l’ONU sont respectés par la France, chacun a pu le constater", a-t-il déclaré à la sortie.
Nous avons donc, en toute logique, demandé à Gérald Darmanin de retirer la Nouvelle-Calédonie de la liste des pays à décoloniser.
Nicolas Metzdorf, député
"On (l'audit NDRL) considère que la France a fait le travail, qu’elle a permis le rééquilibrage en Nouvelle-Calédonie, le partage du pouvoir, l’affirmation de l’identité de la Nouvelle-Calédonie, que les Calédoniens ont choisi par trois fois, de manière souveraine, de rester au sein de la République française, ce qui correspond à une des sorties prévues par l’ONU de la colonisation", retient également, sans surprise, Nicolas Metzdorf. Pour le député de la majorité, la Nouvelle-Calédonie peut donc désormais être retirée de la liste des pays à décoloniser.
Nous sommes à demi satisfaits
Roch Wamytan, co-représentant de la délégation indépendantiste
Le co-représentant de la délégation indépendantiste Rock Wamytan, a quant à lui émis plusieurs critiques. “Cet audit est important. Malheureusement, nous ne sommes pas tout à fait satisfaits. Nous aurions souhaité qu'il soit confié à des experts de la décolonisation. In fine, c'est un cabinet d’experts international qui l’a réalisé", regrette-t-il. "Le document est là, nous allons en prendre connaissance et revenir vers l’Etat, notamment en bilatérales pour apporter des critiques, des observations, de façon à pouvoir rebondir dans les négociations futures et trouver le futur statut de la Nouvelle-Calédonie", relativise-t-il cependant.