Que faut-il attendre de la visite d’Emmanuel Macron ?

Le président Macron va fouler le sol de la Calédonie pour la première fois ce jeudi après-midi. L’attendent trois jours de visite denses. Le programme présidentiel est connu, restent pourtant pas mal de questions sur le sens que le chef de l'Etat entend donner à cette visite.
Premier virage à négocier pour le président de la République : son positionnement par rapport à la sortie de l’Accord de Nouméa. il a fait savoir qu’il ne donnerait pas sa préférence pour ou contre l’indépendance, comme l’intimait de le faire il y a quelques mois par exemple les députés Valls et Jacob. Pour autant, on n’imagine pas qu’il déserte ce sujet fondamental à 6 mois jour pour jour du référendum.

Des séquences sensibles

Quelle partition peut-il jouer pour s’investir sans s’engager ? La séquence de remise de l’acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France en 1853 sera une étape-clé, chacun ayant à ce stade sa propre interprétation.
Sur le terrain, le chef de l’Etat devra gérer deux moments sensibles…. Tout d’abord la marche Bleu, Blanc, Rouge de vendredi. Le niveau de mobilisation suscitera sûrement une réaction d’Emmanuel Macron.
Et puis bien sûr, sa visite à Ouvéa le samedi matin, le jour même des célébrations du trentenaire du drame de Gossanah. Une visite vue par le collectif de Gossanah comme une provocation. Il devra prouver le contraire.
Enfin, il s’agira pour le Président de réussir sa sortie de scène, précisément sur celle du théâtre de l’ile, d’où il prononcera son discours de clôture. Un ancien site du bagne, peut-être pour adresser le geste très attendu par les non-indépendantistes à l’attention des pionniers et des autres communautés.
 

Etre à la hauteur

La mission d’Emmanuel Macron ces trois prochains jours est clairement une gageure : il lui faudra être à la hauteur de ce moment de l’Histoire de la Nouvelle-Calédonie et plus largement de la République Française.
Répondre aux attentes divergentes, voire opposées des élus calédoniens et de la population ; jouer la symétrie des symboles, dans les mots et dans les actes, sans s’immiscer ou hypothéquer la campagne… Ne pas en dire trop, mais en dire suffisamment…Assumer son rôle très contraint de troisième partenaire de l’Accord de Nouméa tout en apposant sa touche personnelle, celle d’un Président pas comme les autres.
On l’a vu lors de chacune des ses sorties sur le terrain, et en particulier lors de ses précédentes visites en outremer, Emmanuel Macron aime se démarquer de ses prédécesseurs, aller au contact direct de la population, parfois même tomber la veste.
Vous l’aurez compris, en dépit de l’histoire et du protocole Elyséen de rigueur, cette visite devrait offrir son lot de surprise et d’imprévus.