Quel avenir pour l'OPT ?

Durant la commission plénière du Congrès dédiée à l'OPT.
Le Congrès réuni en commission plénière évoquait lundi l'OPT, dont les représentants ont détaillé les enjeux stratégiques et les perspectives d’évolution. Notamment le projet de second câble sous-marin, et une possible ouverture à la concurrence qui inquiète les syndicats. 
C'est à la demande des élus que le Congrès était convoqué lundi après-midi en commission plénière. A huis clos, les conseillers du boulevard Vauban se sont vus décrire l'OPT sous toutes les coutures. Les finances, les aspects techniques, les perspectives d'évolution à long terme. Avec en premier plan, le projet de second câble sous-marin, cet équipement qui doit sécuriser l'internet calédonien. 
  

Deux options

En 2016, l’Office l'évoquait déjà sérieusement. Quatre ans plus tard, le projet a pris forme mais il se trouve aujourd'hui en suspens, et il n'est pas seul. Deux options se trouvent en réalité en concurrence. L’une est portée directement par l’OPT, avec un câble reliant le caillou à Fidji. Ce serait alors le Gondwana 2. Le premier fait depuis 2011 la liaison Ouémo-Sydney. L’autre projet, privé, est celui de la SCCI, qui propose de relier la Calédonie au plus long câble sous-marin transpacifique : Hawaiki. Ce dernier est soutenu par les coutumiers de l’île des Pins - et certains politiques. Nommé Tomoo, il partirait de la plage de Vuto, sur la presqu’île de Kuto.
 
Auxence Fafin et Philippe Gervolino devant les élus du Congrès pour la direction de l'OPT.
 

Décision attendue en avril

L’enjeu est d'importance. Si l'unique câble actuellement en place vient à rompre, par exemple, le Caillou risque de plonger dans un bug numérique qui impacterait l'économie. Raison pour laquelle le gouvernement a demandé fin décembre à l’Etat de mener sa propre expertise, pour l’aider à trancher. La décision de la Nouvelle-Calédonie est attendue avril 2020. 
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Trois grands axes

L'OPT est un établissement public qui s’autofinance, et qui participe à l’aménagement du territoire en couvrant les endroits les plus reculés. L’Office est présent dans les télécoms, la finance et le secteur du colis-courrier. Seuls les télécoms sont rentables et permettent, selon les syndicats, d'injecter de l'argent dans les autres domaines. Qu’en serait-il si l’OPT s’ouvrait demain à la concurrence ?
 
 

«Quelle stratégie ?»

«On est très inquiets parce qu'on ne sait pas [vers] quelle stratégie veulent aller le gouvernement et le Congrès», réagit Lionel Woreth, porte-parole de l'intersyndicale. «On a tendance à oublier que l'OPT, ce n'est pas seulement Nouméa mais aussi Belep, Tiga, les îles Loyauté, toute la province Nord et toutes les tribus. Cette équation va être faussée si demain on ouvre à la concurrence sans tenir compte de toute cette problématique, de toutes ces missions sur l'ensemble du territoire. Parce que demain, il n'y aura pas de financement et l'OPT ne recevra certainement pas de financement, ni de la Nouvelle-Calédonie ni des provinces.»
 

«Muter dans son approche»

Le conseil d’administration de l’OPT souhaite que son statu quo évolue et se rende concurrentiel dans les meilleurs délais, explique pour sa part Yoann Lecourieux, qui le préside. «Je peux comprendre cette inquiétude, assure l'élu, mais c'est aussi un moyen pour l'OPT de s'adapter à la réalité et surtout de muter dans son approche. Et c'est très intéressant que, de temps à autre, des promoteurs privés viennent motiver l'évolution d'un établissement qui était peut-être dans un confort.»

Le reportage de Brigitte WHAAP et de Claude LINDOR 
©nouvellecaledonie