Quel bilan pour le 8ème forum de l’immobilier ?

Le salon de l'immobilier a fermé ses portes ce dimanche. Et avec ces constats : plus de biens à la vente, moins d’acheteurs, et des prix en chute libre. Les statistiques semblent indiquer que l'immobilier se porte mal, pourtant, la vérité est beaucoup moins tranchée.
Le pari était osé cette année pour le forum de l’immobilier. Entre le référendum et la crise économique, les freins à l’investissement étaient imposants. Mais le rendez-vous mis en place par nos confrères des Nouvelles calédoniennes a tenu bon. Et a attiré des profils d’investisseurs différents. 
 

Les acheteurs

Restreint par sa fréquentation, le rendez-vous a néanmoins séduit 2 000 à 2 500 visiteurs en deux jours et demi. Avec deux catégories bien distinctes : d’abord des Calédoniens désireux de devenir propriétaires, jeunes couples ou familles en mal d’espace.
Ecoutez ces réactions de potentiels acheteurs rencontrés par Anne-Claire Lévêque : 

Forum Immobilier micro Trot


 

Investir à l’étranger ?

Les investisseurs, eux, sont clairement plus frileux. Ils tournent leurs budgets vers l’étranger. Stéphane Crocherie est gérant de l’agence locale Osiris. Il propose des placements immobiliers en Asie avec, désormais, certains contrats estampillés « Covid free ».
« Le Covid a quand même mis un frein important jusqu’à ce qu’il y ait ces nouveaux contrats qui intègrent le risque Covid. Depuis que ces contrats sont ressortis, il y a une vraie reprise de ce type de placements, particulièrement dans une période qui est un peu troublée chez nous, où les gens se posent beaucoup de questions sur l’avenir institutionnel, économique, social, de la Calédonie » explique ce gérant. 
Gold Coast en Australie

Restent les investissements en Australie ou Nouvelle-Zélande. Encore faut-il en avoir les moyens. 
« Pour pouvoir acheter là bas, il faut soit du cash, soit pouvoir avoir un bien fini de payer en Calédonie, de valeur équivalente, sur laquelle la banque va prendre une hypothèque pour pouvoir prêter sur un achat sur l’Australie » souligne Cédric Bérode, gérant de B&O Immobilier. « Donc on est vraiment sur des petits volumes, qui sont récurrents, mais c’est une petite catégorie de la population ».
Ces investissements ne représentent pas plus de 10% de son activité, estime le professionnel. Ce sont bien les Calédoniens qui misent sur l’avenir et veulent devenir propriétaires qui constituent la majeure partie de la clientèle. 
Le reportage de Bernard Lassauce et Nicolas Fasquel 

L’immobilier est un secteur que l’on dit plus compliqué que par le passé. En cause les incertitudes institutionnelles, la fin des dispositifs de défiscalisations et la crise économique. Mais des nuances apparaissent, notamment dans le Nord. Les acteurs de terrains voient au-delà des statistiques.
 

La construction de villas à Païta 

17 % de ventes en moins au premier semestre 2020 ; déjà une chute de 18 % l’an passé… des statistiques plutôt moroses pour l’immobilier calédonien. Avec toutefois d’importants contrastes géographiques. Dans le Sud, la construction est portée par les particuliers et quasiment sur une seule commune du grand Nouméa. 
« Tout ce qui va être du neuf, après, c’est sur de la villa, ça va être que Païta par exemple » explique Cédric Bérode, président de la confédération de l’immobilier en Nouvelle-Calédonie. « C’est un peu le seul endroit où on trouve de la construction de villas neuves parce qu’à Nouméa, il n’y a plus de terrains, Dumbéa, il n’y a plus de lots, et au Mont-Dore, c’est toujours la problématique de Saint-Louis qui fait qu’il n’y a rien qui sort plus loin que Saint-Louis ».
 

Une dynamique dans le Nord

Dans le Nord, la dynamique immobilière est réelle. Avec, pour moteur, les nouvelles infrastructures et les projets en cours.
« Nous avons l’hôpital qui s’est installé, en 2022, on va avoir le centre de détention qui va aussi employer cent personnes, et donc je pense qu’on aura des besoins en logements. Et sur Poum, la SLN développe le centre minier de Poum, ils ont des besoins en logements » explique Cyrille Berhault, qui gère Ellipse Immo basée à Koné depuis une décennie. « Dans le Nord, le vivre-ensemble, on le vit au quotidien, et les gens sont confiants, et investissent ». 
Un sentiment partagé par Sarah Paiman-Pesneau de CAP Construction. L’enseigne a récemment pris ses quartiers dans le Nord et constate la confiance des habitants.
« On construit sur terres coutumières ou sur lotissements et les gens n’ont pas peur d’investir dans le Nord. On sent une plus grande tranquillité par rapport à la situation politique, moins inquiétés que dans le Grand Nouméa où on sent une certaine inquiétude générale ».  
De quoi préserver une certaine vitalité du marché immobilier calédonien malgré les incertitudes institutionnelles et les inquiétudes des professionnels face à la proposition de loi du pays relative à la « propriété foncière citoyenne ».