Rainbowlution, un nouveau collectif LGBTQIA+ en Nouvelle-Calédonie

Maëlys, Mégane et Michelle sont à l'initiative du collectif "Rainbowlution NC" dont le premier événement était le samedi 14 septembre dernier.
Rainbowlution NC s'est créé après les violences du mois de mai. Maëlys, Mégane et Michelle voulaient rassembler la communauté queer tout en invitant les alliés de la cause. Samedi 7 décembre était organisé un pique-niqueer à la plage Kuendu Beach de Nouville. Lors de sa deuxième édition, l'événement a réuni une vingtaine de personnes. Le premier était le samedi 14 septembre.

Dès 11 heures, à la plage Kuendu Beach de Nouville, était organisée par Rainbowlution NC la deuxième édition du pique-niqueer. Le principe ? Se retrouver, partager des moments le temps d'un repas avec des personnes LGBTQIA+ et des alliés de la cause. Au programme, un qui est-ce ? avec des figures de la communauté mais aussi un quiz pour sensibiliser aux différents drapeaux.

Plus de visibilité

Au total, une vingtaine de personnes ont répondu présent à l'événement. C'est aussi l'occasion de retrouver ses proches. Cameron* est venu pour soutenir son amie, à la tête de Rainbowlution NC. "La cause est importante. Il faut la visibiliser pour que cela devienne normal", insiste-t-il.

Pierre* trouve que la création du collectif est une bonne initiative "pour les adolescents qui se questionnent". "Ils seront contents d'avoir des gens, là pour les écouter. Cela amène de la facilité". 

Le principe du pique-niqueer est de se retrouver le temps d'un repas pour échanger avec des personnes de la communauté LGBTQIA+ et des alliés.

Le manque d'associations LGBTQIA+ en Nouvelle-Calédonie

Le collectif Rainbowlution NC est né d'un besoin en Nouvelle-Calédonie. Celui d'organiser la première marche des fiertés sur le territoire. Maëlys, Mégane et Michelle ont dû revoir leurs plans en raison des violences du mois de mai. Leur ambition est de "créer une communauté queer soudée en Nouvelle-Calédonie" en passant par des pique-niques ou d'autres événements futurs comme des ciné-débats ou des bingos drag queens. 

C'est important quand on appartient à une communauté de pouvoir se rassembler et discuter de problématiques que l'on peut rencontrer afin de s'entraider

Mégane, à l'initiative de Rainbowlution NC

Avec la dissolution de Diversités NC, en 2023, le manque d'associations défendant la communauté LGBTQIA+ est criant sur le Caillou.

"On n'a vraiment pas la prétention de remplacer Diversités NC parce qu'ils accueillaient des gens dans le besoin. Des personnes faisant leur coming out qui sont virées de leur logement par leur famille. Ils faisaient aussi beaucoup de sensibilisations dans les écoles... Nous, sans prétention, on voulait plus de représentations pour la communauté LGBTQIA+ en NC" développe Maëlys. 

Pas de données ? 

Il n'y a pas réellement de données concernant les discriminations queerphobes aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie. C'est l'association Diversités NC qui se chargeait de les répertorier notamment à travers l'application "Flag !" qui permettait de signaler des actes lgbtphobes, sérophobes ou des violences intrafamiliales. 

Une enquête menée par l'association en 2017 mettait en évidence "un seuil de tolérance vis-à-vis de l’homosexualité plus fort dans la province Sud dont le chef-lieu est Nouméa, qu’au Nord ou dans la province des Îles Loyauté où la situation est plus alarmante".

Hélène Nicolas, anthropologue à l’Université Paris 8, auditionnée dans le cadre d'un rapport d'information de l'Assemblée nationale de 2018 sur "la lutte contre les discriminations LGBT en Outre-mer", rappelle qu’en 2006, la grande chefferie du sud de Lifou a présenté un projet de "Code de la famille" visant à interdire explicitement les relations homosexuelles, sous peine d’être expulsé de l’île, après s’être acquitté d’une amende et avoir été lynché en public. Ce projet n'est finalement pas entré en vigueur. 

Concernant la transidentité, Peyssa Felomaki, présidente de l’association Lotus Doré NC, contactée dans le cadre du rapport, souligne, que la communauté reste discrète. Les 300 personnes transgenres alors recensées en 2018 manquent beaucoup de visibilité positive et sont soumises à beaucoup de moqueries en Nouvelle-Calédonie. Cela reste un sujet tabou dans les familles, d'après les travaux de l'Assemblée nationale. 

*Les prénoms ont été modifiés.