Référendum, campagne, déclaration de Boulouparis : ce qu’on peut retenir de l’entretien du sénateur Pierre Frogier

Le sénateur Pierre Frogier, invité du journal télévisé de Nouvelle-Calédonie la 1ère, le 5 décembre 2021.
Trois jours après sa prise de parole à Boulouparis, Pierre Frogier était l’invité du journal télévisé ce dimanche 5 décembre. Le sénateur a, entre autres, livré sa vision du troisième référendum.

Un déplacement et une déclaration qui se voulaient solennels. Le 2 décembre, Pierre Frogier est sorti du silence pour prononcer un discours près du monument de Boulouparis dédié à Yves Tual. Cet adolescent tué le 11 janvier 1985 sur la propriété de ses parents, pendant les Evénements. Dimanche, le sénateur LR était dans le JT de NC la 1ère pour parler de cette initiative, et du référendum en général. Voici ce qu'on peut en retenir.

Il défend "l'esprit des accords"

L'ex-président du Rassemblement ne s'était pas, jusque-là du moins, engagé dans la campagne référendaire. Pourquoi ? "Mon histoire m’oblige et je ne suis pas adepte du double discours", a-t-il répondu sur notre plateau. "J’ai essayé de tout faire pour éviter ce processus référendaire (…), je n’y suis pas arrivé. Maintenant, nous sommes à la fin du processus et ma responsabilité en tant que signataire, négociateur, des Accords de Matignon; signataire, négociateur, de l’Accord de Nouméa, c’est celle de faire revivre l’esprit de ces accords."

Il faut se préparer d'ores et déjà à mettre en place les éléments qui nous permettront de nous retrouver et ça, c'est l'esprit de l'Accord.

Pierre Frogier, sénateur

Il questionne l'utilité des référendums

Un "esprit" évoqué un peu plus loin. "Ces dix dernières années, on nous a rebattu les oreilles en permanence, et notamment le troisième partenaire, l’Etat : l’accord, tout l’accord, rien que l’accord. Mais qu’est-ce-que c’est que ça!", pointe Pierre Frogier. "Pourquoi nous avons mis en place un comité des signataires ? Pour faire vivre l’accord. (…) Ce qui m’importe, c’est l’avenir de celles et ceux qui nous font confiance, ce n’est pas de savoir si c’est écrit comme ça dans le texte."

Le parlementaire poursuit : "Parce que rien n’a pu bouger, parce que personne n’a voulu assumer une responsabilité, le premier référendum, ça a réglé quelque chose? Le deuxième, ça a réglé quelque chose? Le troisième, qu’est-ce qu’il va régler ? Au lendemain du troisième référendum, la loi de celui qui aura gagné ne pourra pas s’appliquer à l’autre."

Il explique le choix de Boulouparis

Pourquoi choisir de s'exprimer dans cette commune-ci ? "Je dois beaucoup à Harold Martin l’idée de faire cette déclaration à Boulouparis", a répondu le sénateur en évoquant l'ex-président du gouvernement et maire de Païta. Et de préciser sa vision des choses : "Je veux dire à toutes les Calédoniennes, tous les Calédoniens, que nous avons une dette à l’égard de la famille Tual car au lendemain (…) de cet assassinat, la Nouvelle-Calédonie s’est réveillée (…). A partir de là, je pense que les uns et les autres ont pris conscience que nous étions au bord de la guerre civile et qu’il fallait réagir."

Il voit dans l'appel à non-participation une dimension "positive"

Lors de ce discours, Pierre Frogier déclarait : "cette non-participation [des indépendantistes] revêt un caractère positif parce qu'elle peut être un facteur d'apaisement." Une formule développée dans le JT : "J’ai qualifié cette non-participation [à la campagne électorale] de positive. Je vous rappelle que la première (…) a été sévère, frontale. Mais la deuxième, ça a été pire. (…) Là, il n’y aura pas de campagne agressive, frontale. "

Je considère effectivement que cette non-participation est positive parce qu’elle ouvre le chemin du retour au dialogue.

Pierre Frogier

Il pense qu'il faut "des préalables" aux discussions sur l'après 

Et comment envisage-t-il l’après ? "Se remettre autour de la table, ça peut faire l’objet d’une belle photo", rétorque Pierre Frogier. "Je considère qu’il y a des préalables, et ce n’est pas les bilatérales que les uns et les autres veulent faire avec l’Etat. Cette fois-ci, comme nous avons fait en 88, il faut se regarder les yeux dans les yeux, il faut se dire ce que nous avons à nous dire. Parce qu’il faut que la confiance revienne en nous."

Depuis dix ans, on est retourné à la case départ. Le seul objectif, c’était d’écraser l’autre. On voit bien que ce n’est pas possible.Il faut retrouver cette confiance.

Pierre Frogier

Autre sujet abordé, le choix de Valérie Pécresse comme candidate des Républicains à la présidentielle. Etait-ce la candidate de l'invité ? "J’ai siégé pendant plusieurs années avec elle à l’Assemblée nationale...", a-t-il relevé. "Ma favorite, non. Et pourtant, je reprendrai ses mots : c’est une grande première pour notre famille politique (…) de présenter une femme à la magistrature suprême. Ce qui doit être retenu aussi, c’est que d’ores et déjà, elle a réussi à créer une belle équipe de France. Ce qui n’avait pas été le cas, malheureusement, précédemment."

Retrouvez l’entretien de Pierre Frogier avec Laurence Pourtau :

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