La reproduction des coraux observée de près

A l'aquarium lundi soir.
Les récifs coralliens figurent parmi les écosystèmes les plus fertiles et les plus variés au monde. Des coraux qui se reproduisent en masse chaque année à cette période, comme observé lundi soir à l'aquarium. Les scientifiques profitent de l'occasion pour étudier l'impact du changement climatique.
Des œufs qui dansent, brassés en surface… Pas étonnant que les spécialistes appellent ce phénomène «la neige à l’envers»... Un moment magique durant lequel des milliers de coraux naissent en quelques heures.
 
 

Ponte synchrone à l'aquarium

A Nouméa, l'aquarium a commencé à observer la ponte synchrone de ses protégés samedi dernier. Cette année encore, une séance nocturne spéciale lui a été consacrée - en exclusivité mondiale ! «C'est magique, oui, je n'ai jamais vu ça !», confirme Claudine Boyer, qui faisait partie des quelque 200 spectateurs privilégiés, lundi soir. «Et là, l'aquarium présente des coraux magnifiques, des couleurs à tomber par terre et voilà, c'est émouvant.»
 
Nocturne spéciale ponte des coraux à l'aquarium.

 

Sous l'œil des spécialistes

En coulisses, la magie opère aussi pour l’équipe de l’aquarium et les scientifiques de l’IRD, l'Institut de recherche pour le développement. L’instant est précieux, car la ponte des coraux n’a lieu qu’une fois par an. Entre novembre et janvier, pour l'hémisphère Sud, quelques nuits après la pleine lune. «Toutes les espèces vont pondre, pas en même temps mais dans la même nuit, à quelques heures d'intervalle», explique Sylvain Govan, responsable aquariologie.
 
 

Prélevés avec des pipettes

«Emettre, donc, les gamètes mâles et femelles - les œufs - tous en même temps cette nuit-là. On est dans le bon timing et on a déjà deux ou trois espèces qui ont pondu», ajoute-t-il en montrant les bassins. Après la ponte, les œufs sont minutieusement récupérés avec des pipettes, avant d’être déplacés dans des bassins pour reproduction dans la nuit. «Ces œufs sont en fait des agglomérats de gamètes femelles et de sperme. Une fois récoltés, on les transfère dans d'autres bacs», précise Grégory Lasne, biologiste marin.
 
 

Division cellulaire

«On les mettra par la suite dans des aquariums et tout au long de la nuit, il y aura une division cellulaire des œufs qui seront incubés. Le lendemain, on aura certainement une transformation en larves.» Ce sont les larves survivantes qui vont s'accrocher à un support solide et évoluer vers la forme de polype.
 
 

L'expérience de Bouraké

L’opération est en tout cas délicate, pour ces chercheurs qui étudient l’impact du changement climatique sur les récifs coralliens. Les coraux prélevés sont ceux de la mangrove de Bouraké. Un site aux conditions particulières, où la température de l’eau est plus élevée et plus acide.
 
 

Pari scientifique

«L'avantage [d'avoir] pris cette colonie», pose Ricardo Rodolpfo-Metalpa, chargé de recherches à l'IRD, c'est qu'«on les garde ici, on essaie de les faire se reproduire, d'avoir une nouvelle génération et après, avec les années, une deuxième génération, et c'est pour étudier si vraiment, il y a des adaptations à ces changements climatiques au niveau génétique». Cultiver les larves de corail pour tenter de régénérer les zones les plus touchées : un pari scientifique dont les premiers résultats seront connus d’ici plusieurs années. 

Le reportage de Sheïma Riahi et Christian Favennec :
©nouvellecaledonie
 

Depuis le début du mois

La ponte annuelle du corail s'observe chaque année d'un bout à l'autre du lagon - créant parfois la confusion face à ce qui peut être interprété comme une pollution... Au début du mois, le phénomène était relevé sur le littoral nouméen, le long de la promenade Pierre-Vernier. 
Des images de Nicolas Fasquel :  

Sur les récifs de Touho

A Touho, ce grand moment a été contemplé, lundi soir, par des membres de l’association environnementale Hô-üt et des habitants de Koé, sur les récifs coralliens de cette tribu. 

 A Bourail 

 

Un cru qui s'annonce exceptionnel en Australie

A l'échelle de la région, la reproduction du corail est elle aussi scrutée en Australie, sur la Grande barrière. Selon les premières indications, et l'avis de plusieurs biologistes marins, il pourrait s'agir d'une des périodes les plus prolifiques de ces dernières années. 
A lire ici :