Au siège de l’Association calédonienne des personnes âgées (Acapa), à Nouméa, le jeudi est une grosse journée. On est à trois heures du déjeuner, et c’est le branle-bas de combat en cuisine. En tout, ce sont près de 60 personnes qui viennent déjeuner ce midi. Au menu : salade de choux rouges, cordons bleus et purée, et, en dessert, petits gâteaux et salade de fruits.
"C’est difficile. Avant, on avait un peu plus de choix, mais maintenant on prend ce qu’on nous donne", déplore Liliane Condoumy, la présidente de l’Acapa.
Dons alimentaires
L’association Zéro Waste Pacific - qui redistribue les surplus de production agricole - et la Banque alimentaire sont les principaux fournisseurs en denrées de l’Acapa. Elles sont récupérées au sein des commerces de la place. Une partie de ces produits part directement en cuisine, et une autre est stockée, puis redistribuée aux membres de l’association.
Pour la Banque alimentaire, qui fait de la lutte contre le gaspillage, la précarité est son combat au quotidien. Les donateurs sont toujours présents, mais il faut reconnaitre que les temps sont durs. "Aujourd’hui, il est clair que nous manquons de dons. Quand la société et les entreprises vont mal, nous avons logiquement moins de denrées à redistribuer. Et c’est inquiétant", explique Betty Levanqué, présidente de la Banque alimentaire.
Petits budgets
Parmi les convives qui bénéficient de ces dons, de nombreux retraités avec des petits budgets. Jocelyne habite à la Vallée-du-Tir, et à la fin du mois, lorsqu’elle a terminé de régler son loyer et ses factures d’eau et d’électricité, il lui reste 50 000 francs pour vivre. "L’Acapa m’aide beaucoup grâce à ses aliments. Je vis toute seule depuis que j’ai perdu mon mari en 2010", raconte-t-elle.
Emile, lui, tâche de vivre sa situation de petit retraité avec philosophie. Il s’est forgé une discipline : participer aux activités de l’Acapa pour se maintenir en forme et, surtout, bien gérer son argent. "Il faut faire attention. Parce que même celui qui a une bonne retraite, s’il ne gère pas bien, il peut avoir des problèmes."
Chaque semaine, entre 140 et 160 repas sont distribués par l’Acapa. Et depuis le début de l’année, les demandes d’aide sont à la hausse. À la mi-2022, l’association compte déjà une quinzaine de bénéficiaires supplémentaire.
Retrouvez le reportage vidéo de Thérèse Waïa et Gaël Detcheverry :