Alors que la campagne d’abattage des requins-tigre et des requins bouledogue se poursuit à Nouméa, Claude Maillaud estime que les récentes attaques "démontrent les limites de cette méthode collective basée sur le tout abattage et le tout prélèvement. Il semblerait que ça ne marche pas aussi bien que prévu ici". Des solutions alternatives sont, selon ce médecin généraliste et spécialiste de la faune marine dangereuse tropicale, à développer en Nouvelle-Calédonie car il s’agit "d’une problématique de sécurisation de la zone de baignade aussi large que possible".
La surveillance des plages par drone
S’agissant de l’utilisation de drone pour surveiller les plages, brièvement évoqué dans notre JT par Sonia Lagarde, maire de Nouméa, Claude Maillaud s’interroge, "la surveillance par drone ne consiste pas à faire décoller des appareils au moment d’une attaque ou au moment où une espèce dangereuse est signalée sur zone pour vérifier que c’est bien le cas". Le spécialiste cite en exemple le cas de l’Australie "là-bas, la surveillance s’effectue en continu avec des drones qui fonctionnent de façon automatisée. Les drones prennent des images, qui sont analysées en temps réel avec des systèmes d’intelligence artificielle qui permettent de reconnaître les espèces dangereuses quand elles sont présentes sur la zone et à ce moment-là de donner l’alerte, avec bien entendu des moyens humains, comme ici avec des jet-skis prêts à s’élancer pour faire sortir les gens de l’eau et tenter d’effaroucher le requin si tant est qu’on puisse y arriver". Mais tout cela a bien évidemment un coût, reconnaît-il, "la question est donc de savoir quels moyens la collectivité accepte de se donner pour protéger la population de Nouméa".
Des dispositifs à impulsion électrique
Pour Claude Maillaud, la création d’espaces sécurisés est une bonne idée, mais pas avec des filets souples, "ce dispositif a été abandonné partout car c’est une catastrophe écologique. A la Réunion, la méthode montre ses limites. Il serait donc plutôt question de barrière, c’est-à-dire de filet à maille plus ou moins rigide, moins délétère pour l’environnement". Selon ce spécialiste de la faune marine dangereuse tropicale, d’autres dispositifs existent pour tenir les requins à distance. Il s’agit d’équipements à impulsions électriques, sorte de bouclier anti-requin grâce à un champ électromagnétique insupportable pour l’animal. "Ce dispositif peut être porté à la cheville. Il est notamment utilisé par les plongeurs, les apnéistes et les chasseurs sous-marins". Ce même dispositif existe également sous forme de barrière, "c’est une bouée avec une ligne électrifiée qui pend". Reste à savoir si tous ces dispositifs sont efficaces. Claude Maillaud pense que ce serait intéressant de les tester, "avec beaucoup de réserve et de précaution vis-à-vis des usagers, afin de savoir si ces dispositifs sont utiles".
Retrouvez également l'interview de Claude Maillaud, médecin généraliste et spécialiste de la faune marine dangereuse tropicale.