Roch Wamytan, président du Congrès et membre du FLNKS : "On ne va pas expédier des discussions sur l’avenir de notre pays en un ou deux mois"

Roch Wamytan, invité du JT du 21 mai 2023 ©nouvellecaledonie
Il conduit avec Victor Tutugoro la délégation du FLNKS dans les discussions avec l’État sur l’avenir institutionnel. Invité du JT dimanche, Roch Wamytan est revenu sur la position du Front à quelques jours de la visite de Gérald Darmanin en Nouvelle-Calédonie.

A une semaine de l'arrivée du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, en Nouvelle-Calédonie, les positions des uns et des autres se précisent quant à l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Roch Wamytan, le président du Congrès et l’un des représentants du FLNKS dans les discussions était le dimanche 21 mai l’invité du JT de Nouvelle-Calédonie la 1ère avec Thérèse Waïa. Il est revenu sur les positions des indépendantistes. 

Un nouveau référendum d’autodétermination dans "5 à 10 ans"

Roch Wamytan qui était il y a une dizaine de jours en déplacement en Polynésie française pour l’élection du président du pays, Moetai Brotherson. Il avait alors évoqué l’avenir de la Nouvelle-Calédonie avec nos confrères de Polynésie la 1ère avec un nouveau référendum d’autodétermination dans une période allant de 5 à 10 ans. 
De son côté, Gérald Darmanin était ce 20 mai auditionné par le Comité spécial de la décolonisation des Nations unies à New-York sur le dossier calédonien. Il y a évoqué l’éventualité de "déclencher ce droit à l'autodétermination à l'échelle d'une ou deux générations".
Les explications de Bernard Lassauce

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Interrogé sur cet éventuel nouveau référendum d’autodétermination, Roch Wamytan indique qu’il "porterait sur un projet politique. Nous, nous nous battons pour l’indépendance de notre pays pour qu’un jour la Nouvelle-Calédonie puisse avoir sa place au soleil. Ça fait déjà 170 ans".
Pas question pour Roch Wamytan d’attendre encore des décennies pour arriver à ce but : "J’entends le ministre parler de deux générations, je me demande s’il est sérieux dans ses propositions Mr Darmanin. Deux générations, ça fait 50 ans. Ce n’est pas possible".

Quatre séquences

Le FLNKS l’a déjà dit, cette nouvelle visite de Gérald Darmanin n’est pas le temps des discussions à trois, avec l’État et les non-indépendantistes. Roch Wamytan est revenu sur la "trajectoire" fixée par le Front lors de son congrès en février dernier : " Il y a quatre séquences. Discussions négociations avec l’État dans un cadre bilatéral, ensuite l’accord politique avec l’État d’accession à l’indépendance, la phase de transition et ensuite un statut d’indépendance que nous souhaitons négocier avec l’État". 
Les indépendantistes entendent donc pour le moment poursuivre les discussions avec l’État seulement.  
"Mais ça coince. Le ministre Darmanin nous a dit : ‘je ne peux pas discuter avec vous de l’indépendance sans les autres. Et puis moi, l’indépendance, j’ai la Constitution, j’ai des règles, etc.’" explique Roch Wamytan.

Un problème de calendrier

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer entend de son côté discuter avec toutes les parties de deux points essentiels : le corps électoral et l’autodétermination. 
Des thèmes que le FLNKS préfèrerait aborder en fin de processus : "Quand on regarde les discussions qui ont abouti à l’Accord de Nouméa, ce sont deux sujets lourds qui ont été abordés à la fin. Avant, nous avons discuté du contentieux colonial, de l’amélioration des conditions de vie des gens, etc. Le problème, c’est que le gouvernement Macron fait exactement le contraire. Il nous emmène deux sujets qui demandent beaucoup de temps et qui peuvent être des sujets conflictuels si on ne prend pas assez de temps pour pouvoir discuter au fond de ces sujets là" souligne Roch Wamytan.
" Le problème c’est qu’on n’a pas le même calendrier. L’État est complètement focalisé sur les élections de 2024, nous, nous ne sommes pas sur ce calendrier là" poursuit le représentant du FLNKS qui estime que "discuter de l’avenir d’un pays, d’un peuple qui a été colonisé, ça demande du temps. On ne va pas expédier des discussions sur l’avenir de notre pays en l’espace d’un mois ou deux mois, ce n’est pas possible". 

Des parallèles qui se rejoignent ?

Serait-il possible d’envisager une plateforme minimale de discussions pour des trilatérales ? Compliqué, mais pas totalement impossible selon Roch Wamytan : " Le problème, c’est qu’on arrive dans la phase de discussions après ce troisième référendum raté (que nous estimons qu’on nous a volé) avec des positions diamétralement opposées. Ce sont deux parallèles, alors est-ce qu’à un moment donné, elles vont pouvoir se rejoindre sur une plateforme commune ? Nous espérons que nous allons pouvoir arriver dans les mois qui viennent à trouver un dispositif qui convienne aux uns et aux autres, et qu’on sorte gagnant-gagnant pour la Nouvelle-Calédonie".

Un traité politique

Dans son projet, le FLNKS prévoit, lors de la phase de transition, l’adoption d’un "traité politique qui permette de sceller le socle politique pour cette phase ultime d’évolution statutaire". Et Roch Wamytan de rappeler au passage qu’un "traité, c’est un accord écrit entre deux sujets de droit international". Une manière encore de souligner que le but ultime du processus pour le Front, c’est bien l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. 

À noter que le FLNKS participera au séminaire régional pour le Pacifique du Comité spécial de décolonisation de l’ONU qui se tiendra à Bali cette semaine, du 24 au 26 mai et à la réunion du Comité des 24 prévue en juin.