Un peuple originel qui demande de retrouver sa souveraineté et un autre qui voudrait rester dans la France, "il n'y a pas de précédent" explique Louis-José Barbançon. Les discussions sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie n'avancent pas. Le dégel du corps électoral, entre autres, cristallise les tensions. L'historien était invité dans le journal télévisé de NC la 1ère dimanche 28 avril 2024, il a partagé son point de vue sur la situation du territoire.
L'image d'un pays divisé
Peut-on engager de nouveau les discussions ? Pour répondre à cette question, Louis-José Barbançon s'appuie sur un symbole, celui de l'inauguration de la place de la paix, avec la statue représentant la poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, place des Cocotiers. Pour sceller ce moment : Marie-Claude Tjibaou, veuve du leader indépendantiste, Isabelle Lafleur, fille de l’ancien député loyaliste, et la maire de Nouméa Sonia Lagarde. Pour l'historien, la cérémonie en 2022 donne l'image d'un pays apaisé. Il pose le contraste avec les récents évènements : " Deux ans après, on voit deux manifestations… des personnes d’un côté avec des drapeaux, et d'autres personnes avec d’autres drapeaux de l’autre côté, c’est l’image d’un pays divisé et c’est en quelque sort le fait colonial qui est reconstitué", estime le spécialiste en politique.
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Des enjeux politiques
Quand le pays n’est pas divisé, ils (les politiques) ne sont pas au pouvoir. Il y a des responsabilités locales.
Louis-José Barbançon, historien
Pour l'historien, le dégel du corps électoral serait une manœuvre politique. Louis-José Barbançon estime que le pilier national sur lequel la Calédonie s'est appuyée durant plusieurs décennies, sous Mitterand, sous Chirac, sous Sarkozy et sous Hollande, s'est effondré. Pour lui : "La nation dans son ensemble soutenait le processus calédonien".
Un dégel au cas par cas
Louis-José Barbançon s'oppose au dégel du corps électoral sur dix années glissantes. L'historien prône une ouverture au cas par cas. Il ajoute que cette ambition est génératrice de tensions : "Il y a des gens qui viennent, qui paient des impôts, qui développent le pays, qui emploient, on est bien contents de les avoir (…) ça leur donne des droits, mais ça ne leur donne pas le droit de désespérer la jeunesse kanak." Selon ce passionné de politique, le peuple kanak, de par son histoire, entrevoit cette ouverture du corps électoral comme la possibilité de redevenir minoritaire. Il établit un parallèle avec l'hexagone dont une partie de la population se tourne vers les partis politiques Reconquête et Rassemblement national pour répondre à ce qu’il décrit comme étant une angoisse similaire.