Sommet sur les réfugiés : l'Australie s'érige en modèle

Malcolm Turnbull, le Premier ministre australien, s'adressant aux pays membres des Nations unies, à New York.
Au siège des Nations Unies à New York, les Australiens ont vanté leur politique de protection des frontières. D'après eux, repousser les bateaux de demandeurs d'asile et installer des centres de rétention à l'étranger, cela permet de mieux faire accepter les réfugiés à la population.
S'engager à faire plus pour protéger les réfugiés et les déplacés à travers le monde, soit environ 65 millions de personnes : c'est le but de la toute première réunion mondiale consacrée à cette question. Une réunion qui se tient au siège des Nations unies, à New York. 
 
L'Australie pense savoir quelle attitude adopter face à une situation critique, comme l'affirme le Premier ministre, Malcolm Turnbull :
 
« Les mouvements de population s'intensifient dans le monde entier. On doit prendre des mesures pour mettre de l'ordre dans le chaos qui en découle. S'attaquer à l'immigration illégale en sécurisant les frontières a été essentiel en Australie, cela a donné confiance en la capacité du gouvernement à gérer l'immigration de telle sorte que les risques sont limités et que l'accent est mis sur l'assistance humanitaire aux personnes qui en ont le plus besoin. »
 
Plus de 2 000 personnes sont retenues en ce moment dans les centres de Nauru et de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Toutes sont arrivées illégalement en Australie par bateau et même si une grande partie d'entre elles ont depuis obtenu le statut de réfugié, ces personnes ne pourront jamais s'installer en Australie.
 
Une politique dénoncée à de nombreuses reprises par les organisations de défense des droits de l'homme et par les Nations unies - et notamment le Haut-commissariat aux réfugiés.
 
Après le discours de Malcolm Turnbull à New York, l'ONG Save the Children a publié un communiqué critiquant le Premier ministre, qui promeut « un modèle basé sur la dissuasion, qui coûte cher et a des conséquences négatives sur ceux que l'Australie devrait vouloir protéger ». De son côté, le PDG du conseil national de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, John Falzon, affirme que les bateaux de demandeurs d'asile continuent à se diriger vers l'Australie, « ils sont juste repoussés et envoyés affronter d'autres dangers ».
 
 
Le gouvernement libéral assure pourtant que repousser les bateaux a un effet dissuasif sur les candidats à l'immigration, ce qui permet d'éviter des drames en mer. Une politique défendue à New York par un autre membre du gouvernement, le ministre de l'Immigration, Peter Dutton :
 
« Notre souveraineté a été incroyablement menacée au cours des dernières années. La manière avec laquelle nous avons répondu à cette menace a été de garder la confiance des Australiens dans notre politique de l'immigration. Une politique qui n'est pas construite sur la peur, comment cela se pourrait-il alors qu'un résident australien sur quatre est né à l'étranger et que près de la moitié de la population a au moins un de ses parents qui n'est pas né en Australie ? »
 
Malcolm Turnbull a aussi profité de l'occasion pour faire la promotion de la société multiculturelle australienne :
 
« La diversité est un investissement contre la marginalisation et l'extrémisme, cela nous aide à être unis, plutôt que divisés. Alors que les craintes liées à l'immigration et au contrôle des frontières grandissent, le besoin d'avoir le soutien de la population sur ces questions est plus évident que jamais. L'expérience de l'Australie le confirme. »
 
Le gouvernement de Nauru s'est également exprimé lors de ce sommet sur les réfugiés. David Adeang, le ministre de la Justice, s'est dit fier du système mis en place avec l'Australie, un système « innovant », qui a permis d'éviter la mort de milliers de personnes en mer. Mais il manque un élément crucial : l'accueil des réfugiés. « Nauru invite les autres pays à l'aider à trouver des solutions de relogement durables pour nos réfugiés - 924 hommes, femmes et enfants », déclare David Adeang.
 
Le problème est le même pour les 850 hommes qui se trouvent actuellement à Manus ; personne ne sait où ils iront quand le centre fermera.