Les structures culturelles craignent une catastrophe

Déjà mis à mal depuis plusieurs années par les coupes budgétaires, le secteur artistique et culturel de Nouvelle-Calédonie appelle à l’aide. Un collectif composé d’une dizaine de structures locales interpelle les institutions, et demande un plan d’urgence.
Leur situation et leurs perspectives d’avenir sont différentes, mais le fonds du problème est le même : aucune visibilité à moyen ou long terme. Une dizaine de structures culturelles, associatives ou privées, ont donc décidé de parler d’une voix.
 

Composition

Dans ce collectif, le Théâtre de l’île, le Chapitô NC, le Mouv, le Rex, la Maison du livre, l’Association de formation des musiciens intervenants, la Fédération des œuvres laïques, la Sacenc (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs), le Poemart (Pôle d’export de la musique et des arts) ou encore l’Adamic (Association pour le développement des arts et du mécénat industriel et commercial).
 
Conférence de presse du collectif culturel.
 

Tous les pouvoirs publics doivent s'en inquiéter, pas forcément que le secteur culturel. Un contenu artistique peut intervenir dans l'éducation, au niveau social, au niveau sanitaire. Les élus, qui font des choix politiques, doivent se rendre compte que la culture intervient à différents niveaux et touche tout le monde.
- Alexandra Gardner, directrice du Poemart

 

Amplificateur

Les membres du collectif se disent prêts à tenir, autant que possible, jusqu’à la fin de l’année. Mais la suite est encore plus floue. Avec plusieurs années de baisse des subventions, la crise sanitaire amplifie la précarité d’un milieu déjà fragilisé de longue date. Ils plaident pour la survie d’une culture pour tous. 
 

On est sur à peu près 80 millions de pertes de chiffre d'affaires, d'après environ 90 structures ou personnes qui ont répondu.  
- Quentin Rétali, directeur du Chapitô NC

 

Première estimation

D’après les chiffres collectés à travers un questionnaire, les pertes du secteur culturel s’élèvent déjà aux alentours de 80 millions de francs. Un premier bilan incomplet et parcellaire. Il ne concerne qu’une petite centaine de structures et d’artistes, et pourrait donc s’avérer plus lourd et plus pérenne. D’où la nécessité, au-delà des réponses urgentes, de solutions échelonnées dans le temps.
Quentin Rétali interrogé par Charlotte Mestre :

Chiffres du secteur culturel

 

L'AFMI toujours en sursis

Pour des structures comme l'AFMI, la survie s'avère une question de semaines, en l'état des finances. D'autres peinent à se projeter au-delà de l'année prochaine. «On nous a déjà dit qu'en 2021, il y aurait des nouvelles coupes. De mon point de vue, témoigne le directeur du Chapitô, je ne vois plus très bien où je peux enlever des charges, il y a deux personnes dans l'équipe pour monter un chapiteau de 400 places. Et si il faut en plus compter sur des coupes encore plus grosses, de l'ordre de 25 à 30 % peut-être en 2021, ça va sérieusement nous pousser à fermer.»

Secteur culturel, l'urgence et après

L'invité de la matinale du 12 mai, à retrouver en intégralité ici.
 

Être reçu par le gouvernement

Le collectif demande avant tout à être reçu par le gouvernement, pour évoquer la situation et pour élaborer un schéma directeur de la culture sur les dix ou quinze années à venir. Une demande de rencontre formulée en vain jusqu’à présent. Sans action rapide, il craint les conséquences d’un désengagement culturel.
 

La culture, ça sert à occuper l'espace, ça sert à s'émanciper, à se sentir libre, à alimenter des mots qui seraient dénués de sens, comme le destin commun, la liberté, la paix.
- Evariste Wayaridri, directeur de la Sacenc

 

Enjeu de génération

Aux yeux du collectif, c’est toute une génération qui sera culturellement sacrifiée si rien n’est fait. Si les élus ne font pas aujourd’hui le choix d’un maintien de l'accès à la culture pour tous.

Le reportage radio d'Anne-Claire Lévêque :

Collectif culturel

 

L'invitée du JT

Dans le journal télévisé de lundi soir, la directrice du Poemart évoquait «une catastrophe culturelle, tout simplement». «On a un nombre important d'artistes qui sont en grande difficulté», a insisté Alexandra Gardner. «Ils vivent et travaillent, déjà, dans des conditions précaires, depuis de nombreuses années et cette crise vient les terrasser. Elle a commencé au mois de mars, les artistes étaient déjà sans revenu depuis décembre 2019.»  
Son entretien avec Thérèse Waïa :
©nouvellecaledonie

Le communiqué du collectif :  

D'autres voix s'élèvent

Ce collectif rassemblant des structures ne couvre pas tout le champ de la culture en Nouvelle-Calédonie. Face à cette crise, des artistes et techniciens se sont organisés en Syndic'Art. Le secteur événementiel s'est également monté en collectif.