"Le climat a l'air de se tendre de plus en plus... Ça m'inquiète un peu." Comme Juan, de nombreux jeunes Calédoniens, partis étudier dans l'Hexagone, sont de plus en plus préoccupés par l'avenir du Caillou. Car ces derniers jours, la tension politique semble être montée d'un cran supplémentaire. À l'image des manifestations de ce jeudi 28 mars, qui ont mobilisé plusieurs milliers d'indépendantistes dans les rues de Nouméa, opposés au dégel du corps électoral, actuellement examiné à Paris. Au même moment, tout aussi nombreux, les Loyalistes, le Rassemblement et leurs partisans étaient réunis devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie afin de fustiger la politique et les mesures fiscales imposées par les indépendantistes.
"Une dualité politique qui clive les communautés"
Une situation qui laisse à penser que le vivre-ensemble est toujours aussi fragilisé en Nouvelle-Calédonie. Et pourtant, le concept parvient à se concrétiser, en métropole, entre jeunes Calédoniens de toutes origines et de toutes convictions.
On a des élus qui viennent nous voir ici en France. Ils voient notre vivre-ensemble. Ils disent que c'est dommage qu'on ne puisse pas avoir la même chose au pays. Je trouve que c'est un discours hypocrite.
Un étudiant calédonien à Paris
En dernière année à Science Po, Juan Subiranas suit l'actualité calédonienne avec une certaine tristesse. "Cette dualité politique au pays, c'est quelque chose d'entretenu et je trouve ça dommage, parce que ça clive énormément les communautés. Ça nuit à ce destin commun auquel on aspire tous."
Ismael Saïd, actuellement en stage au ministère des Outre-mer, garde, lui aussi, un œil sur la politique locale. Écouter les débats politiques locaux sur l'avenir institutionnel du Caillou, et la recherche d'un statut, lui permet de se forger une opinion. "La Nouvelle-Calédonie doit garder cet aspect particulier dans la République parce que c'est une histoire différente de celle de tous les autres territoires. Et de vouloir l'aligner sur d'autres considérations ultramarines, ce serait une erreur de jugement."
L'envie commune de construire ce pays
Ces étudiants tournés vers l'avenir, qu'ils espèrent construire en Nouvelle-Calédonie, semblent se lasser des mêmes discours politiques. À l'image de Cannelle Louisy-Gabriel, étudiante en journalisme. "Ça fait trente ans qu'on est censé arriver à quelque chose. J'ai l'impression que c'est tout le temps pareil. J'ai envie de savoir ce qu'on va devenir... "
Les étudiants gardent, toutefois, espoir en l'avenir. Et disent attendre beaucoup des élus calédoniens. "Même si on n'a pas les mêmes aspirations politiques, on veut tous construire notre pays", affirme la jeune femme. Et de conclure, "j'aimerais qu'ils arrivent à un accord. Quelque chose qui puisse être soutenable et qu'il y ait un vrai consensus. Car si on force les choses, ça va exploser."