Un centre dédié aux IVG est toujours en attente d'ouverture au Médipôle

2020 coïncide avec les 20 ans du droit à l'avortement en Nouvelle-Calédonie. Au Médipôle, à Koutio, le centre d'orthogénie, qui devait voir le jour en 2017 n'est toujours pas ouvert. 
 
Cela fait trois ans que les médecins attendent l'ouverture du centre d'orthogénie.... Au départ, ce lieu devait être dédié à la santé sexuelle et devait accueillir les femmes désirant avorter. "C'est nettement mieux que ce que l'on propose aujourd'hui, où les patientes sont à côté de femmes enceintes. Donc pour la confidentialité, pour la discrétion, pour le vécu de ces femmes qui ne viennent pas de gaieté de coeur, ce n'est pas cool. Avoir un centre isolé, c'était une qualité de prise en charge que l'on voulait offrir " explique le docteur Samuel Salama, médecin coordinateur du centre d'orthogénie du Médipôle.
 

Se donner les moyens

Aujourd'hui, l'endroit est désert. Il n'y a pas de matériel adapté dans les salles de soins, ni de patientes dans les chambres.
 

​​​​​​La problématique, c'est surtout d'avoir des moyens à la fois matériels et humains pour mettre en place des structures qui soient dédiées à cette activité et que notre activité d'IVG ne soit plus au sein de nos consultations et des autres activités. Il faut un parcours de soins dédié.

Dr Erick Camus, chef du service de gynécologie obstétrique.

 

Dans l'attente d'une décision de la direction pour faire fonctionner ce centre, les médecins et les sages-femmes reçoivent les patientes dans le service de gynécologie obstétrique, comme Maryline*, 21 ans. Elle a décidé d'avorter, elle est à plus de 7 semaines d'aménorrhées, c'est-à-dire qu'elle n'a plus de flux menstruel. Le protocole classique pour une IVG, préconise une voie médicamenteuse, à l'hôpital.

"Je suis encore scolarisée et je préfère terminer ma scolarité, ensuite je verrais pour avoir un enfant. J'ai plusieurs personnes dans ma famille qui sont concernées par ça et souvent, elles n'en parlent pas et elles continuent leur grossesse car souvent elles ne sont pas au courant de l'IVG ou ne savent pas comment ça se passe" confie-t-elle.
 

Des centaines de femmes concernées


Depuis 2016 et l'adoption de la loi de modernisation du système de santé, le délai de réflexion a été supprimé mais les deux consultations médicales avant une IVG, sont toujours obligatoires. La patiente peut être accompagnée dans sa démarche par une assistance sociale ou une psychologue. "Ce qui est très important c'est que toutes ses femmes se sentent accompagnées au mieux, sans jugements et c'est pour ça que je ne demande pas la raison de l'IVG" confie Alice Mallet, sage-femme.

Elles sont plusieurs centaines de femmes à faire appel à ce service du Médipôle. La majorité d'entre elles, a entre 20 et 25 ans

*prénom d'emprunt