Vale NC se prépare pour sa nouvelle stratégie

Les rencontres se poursuivent entre la direction de Vale NC et le personnel après l'annonce du changement d'orientation de l’industriel. Les conclusions de ces échanges seront communiquées en janvier prochain. Sur le site de Goro, les préparatifs ont déjà débuté.
 

Le NHC de plus en plus demandé 

Le NHC, le nouveau produit intermédiaire, est composé de 37% de nickel et de 2 à 3 % de cobalt. C’est le fleuron de la nouvelle stratégie industrielle et commerciale de Vale. Il est plus facile et moins cher à produire et il intéresse les fabricants de batteries pour véhicules électriques. 
« On est en discussion actuellement avec différents producteurs de batteries électriques »  explique Maureen Brésil, directrice des services techniques de Vale NC. « En discutant avec eux, ils sont prêts à acheter même toute notre production parce qu’ils veulent aussi sécuriser leur approvisionnement en matières premières du fait qu’on sait que dans quelques années, on sera en manque ».
45 000 tonnes de ce nickel hydroxyde cake, le NHC, seront produites chaque année à Goro.
« Le marché croît très vite, 30 à 40 % par an. Il part d’une base assez modeste, cette année environ 150 000 tonnes pour des applications batteries. On pense que d’ici 2025, on sera entre 500 000 et 700 000 tonnes, donc on sera vraiment tout à fait à l’aise pour placer nos produits. Nous, on veut placer entre 40 et 50 000 tonnes » confirme  Antonin Beurrier, le PDG de Vale Nouvelle-Calédonie.
Dans la réorganisation de la production, la raffinerie sera fermée et mise sous cocon. Une simplification du process et beaucoup moins de produits chimiques utilisés. La centaine d’employés concernés devraient être redéployés.
La raffinerie de Vale qui doit fermer
 

Des saprolites à exporter

Sur la mine, pas de grands changements, mais une exploitation réorientée sur les latérites. Les saprolites plus riches en métal mais compliquées à intégrer dans le traitement du minerai devraient en partie être exportées si Vale obtient l’autorisation du gouvernement. Impératif pour le redressement de l’entreprise, mais plutôt sensible sur le plan politique : « Ces saprolites que nous extrayons aujourd’hui vont devenir finalement un produit fatal que l’on va devoir stocker, mais qui a une valeur commercial » explique Thierry Crastes, directeur des mines de Vale NC. « Notre projet, c’est de commercialiser ces saprolites puisqu’elles sont disponibles, elles sont déplacées, elles sont aujourd’hui déjà identifiée et stockées ».
Vale a exposé son plan pour que l’usine redevienne compétitive. La direction doit maintenant faire adhérer le personnel au projet de relance et convaincre les politiques de la nécessité d’exporter du minerai. 
Le reportage d’Erik Dufour et Claude Lindor 
©nouvellecaledonie

 

Valoriser la ressource

Pour convaincre les salariés du bien fondé de son changement de modèle, quels sont les arguments de la direction ?
Jusqu’à présent, latérites et saprolites étaient traitées ensemble, un cas unique au monde. Mais les saprolites posent des problèmes techniques et leur traitement nécessite beaucoup d’acide. Alors, pour Vale, l’exportation de ces saprolites permet de dérisquer l’usine tout en générant du cash rapidement.
« Cette saprolite a une valeur économique. Ça serait quand même dommage de la mettre en verse. On est donc prêt à valoriser la ressource et on est prêt à ouvrir une discussion sur notre contribution aux finances publiques pour que tout ça s’équilibre bien » explique Antonin Beurrier, le PDG de Vale Nouvelle-Calédonie. « Je pense que les positions sont de plus en plus nuancées, que les gens comprennent qu’il faut changer, que chaque situation est particulière et donc il y a une sorte de majorité qui est en train de se former. Et pour ceux qui sont encore sceptiques parce qu’ils sont encore sur des modèles anciens, on va essayer de leur expliquer que c’est plutôt l’avenir que régressif ».
Le bassin de la Kwé Ouest
 

Le stockage des résidus

Le stockage des résidus de l’usine est l’une des clés du nouveau départ.
Dans le bassin de la Kwé Ouest, les résidus pourront être stockés jusqu’en 2023. Mais ensuite, le projet Lucy doit prendre le relais sur cette zone. Les travaux y ont débuté cette année pour réaliser le terrassement. Il faudra ensuite identifier le lieu d’installation d’une unité de traitement de ces résidus. Et cette petite usine en kit est déjà partiellement arrivée, une cinquantaine de containers sur les quatre cents au total. 
Le site du projet Lucy

« On est en train de relancer des études pour trouver la solution la plus pérenne, tant techniquement qu’économiquement pour le placement des résidus secs » explique Claire Vaguener, chef de secteur du parc à résidus KO2. « L’objectif est d’avoir des premiers résultats au second trimestre de 2020 ».
Vale veut désormais profiter de son avance technologique avec le NHC pour sceller des partenariats à long terme avec des producteurs de batteries et mettre en avant ses objectifs environnementaux et sociaux ambitieux pour se distinguer de la concurrence. 
Le reportage d’Erik Dufour et Claude Lindor 
©nouvellecaledonie