Vers une filière masques calédonienne

Cette couturière de Nouméa a très tôt fabriqué elle-même des masques.
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie monte une filière de fabrication de masques normés en tissu, pour le personnel non soignant et la population. Un appel d’offres a déjà été lancé pour une commande de dix mille masques. 
Dès le début du confinement, en mars, des couturières calédoniennes s’étaient lancées dans la fabrication de masques non sanitaires. Une confection à titre ponctuel, que nos équipes avaient filmée à Nouméa et à Boulouparis. Ces petites mains pourront désormais continuer à fabriquer des masques à titre individuel.
 

Industriels et artisans

Mais aussi participer à la filière locale structurée par le gouvernement en partenariat avec les chambres consulaires et la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie. «Cet appel d'offres qui a été lancé par le gouvernement, avec une volonté de certifier un produit "masque", a obligé à regrouper des industriels, des artisans, au sein de la filière textile calédonienne», observe Xavier Benoist, dirigeant de la FINC.
 

C'était intéressant de faire cette démonstration que l'industrie de transformation, en se regroupant, répond aux besoins des Calédoniens, même de manière innovante et même dans le cadre d'une crise. 
- Xavier Benoist, président de la FINC

 
Présentation d'un masque par une pharmacienne inspectrice de la DASS, en 2020.
 

700 francs le masque

Le gouvernement a lancé un premier appel d’offres, pour une commande de dix mille masques destinés à son personnel. Il incite les entreprises locales à suivre son exemple. En effet, malgré le déconfinement progressif, les salariés ont le droit d’être protégés par leur employeur. A l’achat, ces masques seront exonérés de la TGC et seront vendus 700 francs l’unité.
 

Le gouvernement n'a pas vocation à être le seul dépositaire de ces masques. Dès aujourd'hui, les producteurs réalisent des masques de ce même niveau pour les autres employeurs de la Nouvelle-Calédonie. 
- Djamil Abdelaziz, directeur adjoint des Achats, du patrimoine et des moyens

 

Martine Laval, l'une des couturières bénévoles de Boulouparis.
 

D'autres types à venir

Selon la DASS, les besoins de la population calédonienne seraient estimés à 1,5 million de masques. Six par personne, lavables et réutilisables. On le rappelle, ces masques de type 2 sont non sanitaires : ils protègent l’environnement, mais pas l’individu qui le porte. D’autres masques plus protecteurs doivent être confectionnés à l’avenir. En attendant, petit rappel des gestes sanitaires à avoir.
 

On se lave les mains. Ou on se désinfecte avec une solution hydro-alcoolique. On attrape les élastiques. On place le masque sur le visage et on ne le touche plus pendant quatre heures. Ce n'est pas quelque chose de facile et d'inné. Si jamais on doit se toucher le visage, il faut se désinfecter ou se laver les mains. S'il est souillé ou mouillé, il faut le retirer.
-  Frédérique Ducrocq, pharmacienne inspecteur à la DASS

 

Perspectives

Dans un contexte difficile, cette filière apporte aussi de nouvelles perspectives à l’économie. A l’heure du déconfinement, reste à savoir si les entreprises calédoniennes achèteront ces masques.

Un reportage de Natacha Cognard et Michel Bouilliez :
©nouvellecaledonie
 

Vers une production de 50 000 par mois 

D'après les estimations actuelles, une production de 50 000 masques par mois serait envisageable. Dans le meilleur des cas, si le rythme est confirmé, et les stocks disponibles, le gouvernement estime qu'il faudrait dix mois pour produire la quantité voulue. L’importation en parallèle reste donc nécessaire, du moins dans un premier temps.