Retour du sujet sur la table du gouvernement. Après un avant-projet de texte révélé en octobre 2022, il a adopté, ce mercredi 12 juillet, un projet de loi du pays "visant à instaurer une taxe pour le développement et la promotion du tourisme de croisière en Nouvelle- Calédonie".
Deux phases
Une taxe qui concernerait tous les navires de croisière venus de l’extérieur, transportant au moins cinquante passagers. Pendant six mois, elle serait de 750 francs par croisiériste à la première escale et 250 francs à la seconde escale du même voyage. Puis, une fois la mesure installée, la facture serait multipliée par deux. Soit 1 500 francs au premier stop et 750 francs au second. Un détail : si le bateau quitte les eaux calédoniennes pour y revenir (Nouméa / Port-Vila / Lifou par exemple), pas de tarif dégressif.
Exonérés
Peu importe aussi que le croisiériste descende ou pas pendant l’escale, la mesure s’appliquerait d’office. Les paquebots qui s’arrêtent le temps d'un avitaillement, et non pour une escale touristique, devraient s’en acquitter aussi. Seuls les membres d’équipage, les employés à bord et les enfants de moins d’un an en seraient exonérés.
A titre indicatif, un bateau comme le Pacific adventure passé cette semaine transportait pas moins de 3 119 passagers. Les bâtiments de croisière qui arrivent en Calédonie en comptent en moyenne trois mille, sachant qu'on devrait terminer l’année avec près de 200 escales (soixante à Lifou, le reste à Nouméa). Mais qu'avant Covid, il y en avait environ 350 par an.
Ventilation
La coquette somme ainsi récoltée serait répartie entre différents acteurs :
- 20 % pour les communes d’accueil ;
- 40 % pour le port autonome ;
- 40 % pour le groupement d'intérêt économique Nouvelle-Calédonie Tourisme.
Un surcoût inévitable pour les armateurs, qui ne sont pas surpris pour autant. Non seulement la démarche a été présentée l'an dernier, mais la pratique s'avère courante ailleurs dans le monde.
Côté armateurs
Le risque existe néanmoins de voir la fréquentation des croisiéristes en souffrir, estime Elodie Jaunay, directrice de l’agence Kenua. "Il y a pas mal de pays où il y a des taxes croisière. Après, c'est plus les montants de taxe et les délais de mise en place qui peuvent être gênants pour les armateurs, précise-t-elle. Ils ont peur que ça baisse les ventes et que [les clients] se retirent des navires. Par exemple, pour aller à Fidji en avion d'Australie, ça ne coûte pas très cher. Il y a des marchés compétitifs à côté, aussi, rappelle-t-elle. Ils peuvent être amenés à favoriser des destinations qui ont moins de coûts. De toute façon, à chaque fois qu'une taxe est mise en place, il y a un risque de repli de certaines compagnies. Il faut le faire progressivement, de façon à sonder le marché."
Le projet de loi du pays envisage bien une mise en œuvre progressive de la taxe. Mais les armateurs, qui vendent les croisières près de deux ans à l’avance, devraient supporter eux-mêmes le surcoût le temps de pouvoir la répercuter sur les tarifs.