Ambiance solennelle, ce mardi matin, au tribunal de Nouméa. Océane Trolue-Uhila prête serment devant la cour d’appel. En tant que magistrate, elle s’engage à respecter le secret des délibérations et à exercer ses missions avec loyauté, impartialité et indépendance. Un hommage à son père Fote Trolue, premier magistrat kanak, décédé le 29 avril dernier. "Je pense beaucoup à mon papa, aujourd'hui", confie-t-elle.
Je vais continuer le travail, pour prendre davantage en considération le droit coutumier et le statut civil coutumier.
Océane Trolue-Uhila, magistrat temporaire
Une forte émotion partagée par sa maman Rolande. "Vous savez, il y a quarante ans de cela, je suis venue ici pour l'installation de mon époux Fote Trolue magistrat. On revient aujourd'hui pour notre fille. C'est sûr que c'est une grande satisfaction, mais aussi une grande joie de voir des enfants du pays qui s'engagent dans la magistrature."
"Dommage d'attendre tant d'années"
Actuellement, en Nouvelle-Calédonie, le constat est clair : peu de magistrats d’origine kanak sont présents dans les instances judiciaires. "Ce qui est dommage, c'est d'attendre tant d'années", réagit Gilles Ukeiwë, proviseur du lycée Lapérouse à Nouméa, en tant que membre de la famille. "Mais je crois que c'est une progression normale, quant à l'évolution de notre pays".
Un parcours atypique
Avant de prêter serment, Océane Trolue a effectué un parcours atypique, fait de quatorze années d’expérience professionnelle. Dotée de deux masters, en droit général et en droit notarial, elle a été conseillère juridique en province Nord, secrétaire générale à la mairie de Ouégoa puis au Sénat coutumier, tout en œuvrant comme bénévole de l'Association case juridique kanak.
Désormais, Océane Trolue va exercer la fonction de magistrate temporaire au tribunal de Nouméa. Après cinq ans, elle pourra postuler pour devenir titulaire.
Un reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Mourad Bouretima