"On est vraiment obligé de regarder tous les prix", remarque Philippe Jiane, l'un des rares clients attablés en terrasse à la baie des Citrons. L'inflation grignote le pouvoir d'achat des Calédoniens pour qui manger au restaurant est presque devenu un luxe.
Les réservations du jour ? Zéro... La fréquentation a vraiment baissé.
Jean-Jacques Jousseau, gérant de restaurants
"Les réservations du jour ? Zéro... Ça reflète un peu la tendance actuelle. On a très très peu de réservations, la fréquentation a vraiment baissé", souligne Jean-Jacques Jousseau, gérant de plusieurs commerces à la baie des Citrons. De 35 à 40% depuis janvier, estime-t-il. Après la crise Covid et la crise requin, il s’attendait à un rebond. Il doit faire face à une nouvelle difficulté : l’augmentation d'environ 20% du coût de ses matières premières. Plus “sur certains produits de base, comme le lait, la crème, l’huile".
"On voit que les gens sont dans la difficulté"
Conséquences : "avec le chef on a repensé un peu la carte" pour éviter de trop jouer sur les tarifs. Eva Peloux, gérante d'un salon de coiffure, s'est elle aussi adaptée. En diminuant son salaire de 30% et ses stocks. "Avant, j'avais des réserves. Maintenant, je fais au fur et à mesure. On fait le dos rond" pour essayer de ne pas augmenter les prix. "On voit que les gens sont déjà dans la difficulté."
Manque de consommateurs, d'investisseurs et de compétences
Pour la chambre de commerce et d'industrie (CCI), la situation n'est pas seulement due à l'inflation. Mais à une combinaison de facteurs. "Il faut travailler sur l’attractivité de la Nouvelle-Calédonie parce qu’aujourd'hui, il manque des consommateurs, il manque des investisseurs qui puissent porter des projets et de l’innovation. Et il manque des compétences : les entreprises ont du mal à recruter", développe Charles Roger, directeur général de la CCI.
Les départs enregistrés ces dernières années y ont contribué. Des consommateurs en moins.