Il détient un portefeuille des plus importants, au sein du dix-septième gouvernement. Yannick Slamet a en charge le budget, les finances, la santé, le suivi des comptes sociaux, la solidarité. L’ancien agent de la Fonction publique catégorie A est homme de dossier, et de pragmatisme.
Portrait politique par Bernard Lassauce :
"Austère"
Sur le plateau du journal télévisé, le dimanche 2 avril, l’homme reprend son credo. "Quand on n’a pas les moyens, il reste le pragmatisme." C’est bien ce qui a prévalu, dit-il, dans l’élaboration du budget 2023 adopté il y a quelques jours par le Congrès. Un ensemble de 311 milliards CFP répartis entre le budget propre de la Nouvelle-Calédonie, celui de reversement, et celui de répartition. Autre caractéristique assumée : "Il est surement austère", reconnaît Yannick Slamet.
Dès lors qu’on n’a pas de marge de manœuvre conséquente pour relancer l’économie, pour relancer l’investissement, bien naturellement que c’est un budget d’austérité.
Yannick Slamet, membre du gouvernement Mapou
Mais d’insister : "Ce budget a été fait en collaboration avec tous les membres du gouvernement."
"Sincère"
Il intègre des dépenses jugées obligatoires, mais quid du reste ? On pense aux difficultés de la société Enercal ou du Régime unifié d’assurance-maladie maternité. "Il faut savoir que ce qui n’a pas été financé, pour le Ruamm, c’est une partie du déficit que la Nouvelle-Calédonie traine depuis quelques années, répond Yannick Slamet. Lorsqu’on me dit, ce budget est insincère, [ça] veut dire que les budgets auparavant étaient insincères également, voire illégaux. Moi, je le dis : ce budget-là est sincère parce que dans le rapport, rien n’a été caché.”
La Nouvelle-Calédonie aura la capacité d’emprunter dès lors que ses recettes augmenteront.
Yannick Slamet
Quid des réformes ?
La stratégie de l’exécutif "est surtout d’aller chercher des nouvelles recettes. Il y a la fiscalité, mais pas seulement. Il faut aller chercher les économies. Ces économies doivent arriver par les réformes. Et là, je pense en particulier à la santé et à la politique de la santé." Quand ? "Une bonne partie est déjà engagée, assure-t-il. On a beaucoup parlé du rapport de l’Igas", rendu par l’Inspection générale des affaires sociales en 2018. "Le seizième gouvernement avait déjà commencé, le dix-septième a continué, à respecter [ses] préconisations et c’est en cours." Yannick Slamet en énumère quelques étapes, en citant entre autres la création de l'Oceam (l'Objectif calédonien d'évolution des dépenses d'assurance maladie) et de l'Ocep (l'Objectif calédonien d’évolution des dépenses de prévention).
"On a sollicité l’Etat pour nous apporter une aide supplémentaire, a-t-il aussi rappelé. L’Etat ne nous a pas répondu" mais "si cette aide arrivait, ça serait bien. Il faut se rappeler que les deux députés, lors de leur campagne électorale, avaient dans leurs propositions la transformation des deux prêts en subventions. Je pense que ça serait une bonne chose.”
En périodes de vaches grasses, on peut faire de la politique. Là, on fait avec ce qu’on a.
Yannick Slamet, membre du gouvernement
"Aujourd’hui, le plan de relance est impossible"
L’une des grandes critiques des opposants au projet de budget était l’absence de vision pour la relance économique. "Au jour d’aujourd’hui, le plan de relance est impossible, rétorque l'invité du JT. Lorsque vous êtes en quasi-faillite, la première des choses est de combler les trous budgétaires. Dès lors qu’on arrive à l’équilibre, oui, il faut entrevoir cette relance."
Attardons-nous aussi sur cette question d'internaute : "Le système de santé s'effondre avec une pénurie de médecins. Quelle réponse prévoyez-vous d'apporter?" "Les réponses ont déjà été apportées, réagit Yannick Slamet. Le Congrès a statué sur le recrutement de médecins étrangers, c'est en cours." En assurant qu'"au niveau des hôpitaux, il y a encore des manques mais le personnel manquant se stabilise."