Nucléaire en Polynésie : Hinamoeura Morgant-Cross veut apporter des précisions aux textes en vigueur

Hinamoeura Morgant-Cross nous reçoit chez elle avant de recevoir le Nuclear-Free Awards 2023 fin novembre dernier.
Hinamoeura Morgant-Cross poursuit son combat sur le nucléaire. En ce 2 juillet, date symbolique du 1er essai nucléaire en Polynésie, l’élue Tavini devait présenter une proposition de résolution à la commission des institutions. Elle souhaite que le terme “essai nucléaire” soit remplacé par “bombes nucléaires françaises à des fins expérimentales” et faire reconnaître l’impact économique, environnemental, social, et sanitaire de ces essais sur la population.

Récemment remplacée par Allen Salmon à la tête de la commission des institutions, Hinamoeura Morgant Cross ne perd néanmoins pas de vue son combat contre les essais nucléaires. Une cause qui l'a motivée à s'engager en politique et elle le fait savoir.

Geste fort

En pleine campagne électorale pour les législatives anticipées, le fait nucléaire est au cœur de tous les débats et souvent un argument de campagne. L'élue issue du Tavini Huiraatira qui siège à l'Assemblée de Polynésie surfe sur cette vague et défend, ce mardi 2 juillet, sa proposition de résolution demandant à l'Etat français de modifier l'article 6-1, section 2 de la loi organique régissant le statut d'autonomie de la Polynésie française.

La première volonté de ce texte, c'est une pleine reconnaissance du fait nucléaire en Polynésie. Depuis 2019, la France reconnaît la mise à contribution de la Polynésie dans la dissuasion nucléaire mais ne reconnaissait pas les conséquences environnementales, le bouleversement de la société et la santé publique touchée par ces impacts. Ensuite, modifier le terme "essai nucléaire" qui masque la réalité. Un essai nucléaire est une bombe nucléaire à des fins expérimentales.

Hinamoeura Morgant-Cross, élue Tavini à l'Assemblée de Polynésie

Une intervention symbolique, puisque le 2 juillet marque l'anniversaire du premier tir nucléaire effectué en Polynésie française, en 1966. Si l'élue admet que plusieurs actions ont déjà été entreprises par l'Etat français — notamment par la voix des présidents Jacques Chirac et François Hollande qui ont reconnu tour à tour en 2003 puis en 2016, la contribution déterminante de la Polynésie à la défense nationale et extérieure de la France —, Hinamoeura considère que le combat est loin d'être terminé. De nombreux points méritent d'être éclaircis et mis en avant.

Le combat de tous

"Dans le militantisme antinucléaire, ma volonté était de dépolitiser ce combat." En septembre dernier, elle parvient à faire voter unanimement à l'Assemblée un texte en soutien au traité d'interdiction des armes nucléaires. Au début de l'année, elle rassemble autonomistes et indépendantistes autour de la table, lors de trois réunions d'information sur le nucléaire.

Elle espère cette fois que la commission des institutions soit favorable à sa proposition de résolution. Au-delà du clivage autonomiste / indépendantiste, le soutien du Tavini Huiraatira, du Gouvernement et de l'opposition, est essentiel pour faire avancer les choses. C'est pourquoi elle regrette de n'avoir "pas eu de retour de notre parti politique à part du président de la commission. Cela a été laborieux de l'inscrire à l'ordre du jour. J'espère que ce n'est pas parce que c'est moi qui porte ce texte". 

Une fois validé en commission, le texte doit être voté à l'Assemblée de Polynésie puis à l'Assemblée nationale, puisque seuls les parlementaires peuvent modifier la loi organique. Les futurs députés ont un rôle majeur à jouer.