Les habitants de Nouméa et du Grand Nouméa se sont réveillés sous le choc ce matin. En tout cas ceux qui ont pu dormir. La nuit a été marquée par des événements d'une rare violence : magasins pillés ou incendiés, affrontements avec les forces de l'ordre, voitures brûlées, barrages érigés au milieu de la route dans de nombreux quartiers, caillassages...
Hors de contrôle
Le pays n'avait pas connu une telle vague de violences depuis de nombreuses années. Ce qui était au départ une mobilisation pacifique à l'appel de la CCAT pour protester contre le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral s'est transformé en émeutes hors de contrôle. Des émeutes souvent menées par de jeunes mineurs. Ils ont pillé et brûlé tous azimuts : magasins, stations-service, pharmacies, concessions automobiles... Rien n'a échappé à cette vague de vandalisme. Les pompiers de Nouméa ont dû intervenir sur pas moins de 200 incendies, ils ont reçu plus de 1 500 appels.
Des renforts attendus
Les violences, qui ont duré toute la nuit se poursuivent ce mardi matin dans divers quartiers du Grand Nouméa. Les forces de l'ordre se sont massivement mobilisées pour y répondre. De nombreux blessés sont à déplorer dans leurs rangs, affirme le haussariat ce matin. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé l'envoi de renforts qui devraient arriver dans les prochains jours : quatre escadrons de gendarmerie mobile (ce qui fait près de 500 gendarmes), deux sections de CRS ainsi que des policiers du RAID et des gendarmes du GIGN.
Couvre-feu instauré
Au moins quarante-huit interpellations ont déjà eu lieu et un couvre-feu a été instauré à partir du mardi 14 mai, 18 heures, jusqu'au mercredi 15 à 6 heures. Parmi les autres mesures d'urgence prises par les autorités : tout rassemblement est interdit sur Nouméa et le Grand Nouméa, ainsi que le transport et le port d'armes sur l'ensemble de la Calédonie. Le haussariat a également décrété l'interdiction de vente d'alcool sur l'ensemble du territoire.
Transports à l'arrêt
Par conséquent, les perturbations sont nombreuses ce mardi. Les transports sont à l'arrêt : Aircalin et Air Calédonie ont annulé leurs vols, les réseaux de bus Tanéo et Raï sont également à l'arrêt, même les taxis nouméens ne circuleront pas. Sur la mer, le Betico a annulé sa rotation sur l’île des Pins. Les collèges et les lycées sont fermés et de nombreuses écoles n'ouvrent pas leurs portes. La plupart des agences OPT et des banques ont baissé leur rideau.
Vote mercredi à Paris
C'est donc une situation de crise exceptionnelle que traverse le pays, principalement en milieu urbain puisque le Nord, les Îles et la Brousse en général semblent échapper à ce phénomène. Seuls quelques barrages filtrants, non violents, sont à signaler.
Une situation qui risque de durer puisque les débats à l'Assemblée nationale concernant l'élargissement du corps électoral se poursuivent ce mardi à Paris. Le vote solennel initialement prévu à 16 heures heure de métropole pourrait être reporté à mercredi.