Pfizer va réduire temporairement les livraisons de son vaccin en Europe jusqu'à début février, plusieurs pays expriment leur inquiétude. Le laboratoire américain explique que la rénovation d'une usine de fabrication l'oblige à cette baisse temporaire.
Le vaccin Pfizer est-il victime de son succès ? Le laboratoire américain Pfizer, qui fabrique avec BioNTech l'un des deux vaccins contre le Covid-19 actuellement autorisés en Europe et que la Polynésie française a reçu, a annoncé vendredi 15 janvier qu'il devrait réduire temporairement les livraisons de nouvelles doses aux pays du continent, "de fin janvier à début février". Il explique cette décision par les conséquences de travaux destinés à augmenter la capacité de production de l'usine de Puurs, en Belgique.
Les modifications à effectuer dans la structure de production "nécessitent des approbations réglementaires supplémentaires" et il pourra y avoir en conséquence "des fluctuations dans les calendriers de commandes et de livraisons dans l'usine de Puurs dans un avenir proche", explique l'entreprise dans un message transmis à l'AFP. "Cela permettra une augmentation significative des doses disponibles pour les patients à la fin février et en mars", assure Pfizer dans une autre déclaration, à Reuters cette fois.
2 milliards de doses en 2021
L'entreprise rappelle avoir pour nouvel objectif de produire 2 milliards de doses de ce vaccin en 2021, contre 1,3 milliard auparavant. C'est également ce qu'a annoncé son partenaire allemand BioNTech, qui prépare l'ouverture en février d'une nouvelle usine en Allemagne.
"J'ai immédiatement appelé le directeur-général de Pfizer (...) Il m'a assuré que toutes les doses garanties pour le premier trimestre [à destination de pays de l'UE] seront bien livrées au premier trimestre", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une conférence de presse à Lisbonne. Ce qui impliquerait que les retards de fin janvier et début février soient compensés d'ici fin mars.
Ajuter le rythme des vaccinations
"Ça ne remettrait pas en cause la livraison la semaine prochaine pour la France de 500 000 doses supplémentaires" du vaccin Pfizer/BioNTech, s'ajoutant au 1,6 million dont elle dispose déjà, rassure l'entourage du ministre de la Santé, Olivier Véran, auprès de franceinfo. Cette source rappelle qu'il n'est pas question d'une "cessation totale" des livraisons mais de "retards".
"Cette forte baisse obligera le Gouvernement à ajuster le rythme des vaccinations dans les semaines à venir. Les conditions de cet aménagement seront précisées dès que la France connaîtra exactement le niveau des futures livraisons", a communiqué l'Elysée, joint par France Télévisions, un peu plus tard.
En Allemagne, le ministère de la Santé a dit "prendre note avec regret de cette communication inattendue et à très court terme" de la Commission européenne et de Pfizer, alors qu'un calendrier de livraison avait été établi jusqu'à mi-février. Parallèlement, les ministres de la Santé de six autres pays de l'Union européenne – le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la Lituanie, la Lettonie et la Suède – ont exprimé leur "sérieuse préoccupation" quant à une situation qu'ils jugent "inacceptable" et dont ils estiment qu'elle porte préjudice à la "crédibilité du processus de vaccination".