Il y a un peu plus d'une semaine, deux personnes en vacances ont été gtrièvement mordues à Faa'a. Bilan : 8 jours d'hospitalisation. Les attaques de chiens errants, divaguants, mal surveillés ou simplement mal éduqué sont un véritable problème en Polynésie qu'il faudra bien résoudre...
"C'est une scène d'horreur. Quand trois molosses s'acharnent comme ça sur vous, c'est indescriptible. Tout ce que je sais c'est qu'on a réussi à sauver mon mari parce que s'il était resté à terre, les chiens l'auraient mis en pièce. Ce sont des chiens tueurs". Dominique a été mordue le 22 janvier dernier. Ses blessures sont impressionnantes, celles de son mari sont encore pires. Le voisin a également été mordu. "Je l'ai entendu crié et je suis descendu, il s'est fait attaquer par trois chiens. Ca m'est déjà arrivé il y a un an par ces trois chiens-là", confie Jeannot Cicutta.
Les molosses sont sortis d'une propriété, juste à côté, pour aller attaquer sans raison ce couple de retraités. Un habitant du quartier dont les enfants jouent souvent dehors, résume bien la situation. "C'est très inquiétant ce qu'il se passe ici en Polynésie. Il y a beaucoup de maltraitance animale, on voit que les gens prennent des animaux juste pour garder leur propriété. En plus, ils ne ferment pas chez eux", explique Steven Pierson, un voisin.
"Avoir un animal, ce n'est pas lui donner à manger matin, midi et soir. C'est aussi l'éduquer"
En fait, ce sont les maîtres qui sont les responsables, selon les propos d'un vétérinaire. Et, si les molosses sont souvent pointés du doigt, c'est que leurs morsures sont plus graves. "Je suis assez sidéré par le manque de responsabilisation des maîtres. Il n'y a pas que les pitbulls qui mordent, ce n'est pas vrai, il y a les malinois, les bergers allemands, même les caniches de 5kg. Le problème, c'est l'éducation. Avoir un animal, ce n'est pas lui donner à manger matin, midi et soir. C'est aussi l'éduquer, le faire entrer dans le cercle de la famille. Et, dans le cercle de la famille, souvent, les gens ne sont pas conscients du danger potentiel que représente un chien", souligne le docteur Patrick Peron, vétérinaire.
Les faits divers liés aux attaques de chiens se multiplient : un bébé de deux ans tué à Raiatea en 2018 ou encore cette dame âgée qui avait été mise en pièce à Pirae il y a quelques mois. Les tueurs n'étaient pas tous des molosses mais des gros chiens pour lesquels des textes de loi existent depuis 2008. Problème : ils ne sont pas appliqués. A Papara, Marama qui reccueille les chiens maltraités a plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme. "La surpopulation canine et féline devient gravissime. Il y a une espèce d'inconscience collective. On fait des chiots à tout va, on ne stérilise pas ses animaux".
"Le chirurgien m'a dit qu'il ne pouvait pas fermer la plaie car elle était trop grande"
Reste que les traumatismes sont longs à panser. Mordu gravement à l'âge de 3 ans, Angel ne vit pas sans appréhension. "Si le chien me suit, je continue quand même mon chemin. Après, je sais qu'il va s'arrêter. Mais, je me méfie beaucoup", confie le jeune garçon de 11 ans. "Le chirurgien m'a dit qu'il ne pouvait pas fermer la plaie car elle était trop grande", se souvient Sylvana Guillou, la maman d'Angel.
Les plages, les parcs, les vallées de Tahiti deviennent donc un vrai terrain de jeu pour ces chiens mal aimés, maltraités, mal éduqués. Parfois affamés et battus pour devenir agressifs. "Je ne peux pas attester qu'un animal, quelqu'il soit, ne présente aucun danger. Ce n'est pas envisageable dans un espace public qu'un chien sorte d'une propriété privée pour s'approprier quelques mètres carrés de plage qui appartiennent à tout le monde", souligne Patrick Peron, vétérinaire.