Sept personnes dont deux gendarmes sont mortes, 136 policiers et gendarmes ont été blessés et près de 535 individus interpellés depuis le début des émeutes, selon le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Près de trois semaines après le début des émeutes, la situation reste très tendue sur le Caillou, où les opérations des gendarmes et policiers se poursuivent.
Ce vendredi, une opération de police, qui a mobilisé 400 membres des forces de l'ordre, a été menée dans le quartier de Rivière-Salée. Un quartier populaire, dernier bastion tenu par la CCAT qui est aussi l'un des plus peuplés de Nouméa avec environ 6 800 habitants au dernier recensement.
Une opération menée "avec succès" selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. "Des moyens très importants ont été engagés pour réussir cette opération", confirme le haut-commissaire à l'issue de l'opération de sécurisation. Pas moins de "quatre escadrons de gendarmerie mobile et d'unités de force mobile étaient là pour ouvrir l'itinéraire vers ce point sensible (...) il y a eu des affrontements avec les forces de l'ordre". Et de confirmer qu'"une douzaine d'interpellations ont eu lieu" et que 26 barrages ont été détruits.
Mobilisation des citoyens
Si le Haut-commisaire se félicite que "la totalité de la ville de Nouméa est sous contrôle de l'Etat", la mobilisation citoyenne reste très importante dans les quartiers avec des barricades de fortune, véritables barrières d'autodéfense. Une mobilisation qui restera "tant qu'on n'aura pas cette sécurité", confie à nos confrères de NC la 1ère, une voisine de surveillance dans un quartier de Nouméa. En raison de l’insécurité, les citoyens ne libéreront pas les accès à leur quartier.
Au Mont-Dore aussi, les habitants redoublent de vigilance en l’absence des forces de l’ordre. Jour et nuit, ils se relaient pour assurer la défense de leurs maisons et la protection de leurs familles.
Des milliers de personnes au chômage, des milliards de Fcfp de dégâts
Au-delà de l'insécurité, l'économie est au centre des préoccupations. Nombre de sociétés affectées, employés déjà licenciées, évaluation des coûts en termes de chômage... Il faudra du temps pour évaluer de façon précise l'impact des émeutes en Nouvelle-Calédonie sur l'emploi et les finances.
À ce jour, il est estimé que plus de 500 entreprises ont été détruites durant les violences. Lors d'une conférence de presse, la présidente du Medef, Mimsy Daly, a aussi exprimé les craintes concernant "les entreprises qui n’ont pas été détruites, victimes collatérales de cette première phase de destruction : les sous-traitants, les entreprises en perte d’exploitation, qui vont se retrouver en cessation de paiements par défaut de trésorerie". Cette deuxième vague "concerne des milliers d'entreprises dans tous les secteurs d'activité".
Au-delà des entreprises, ce sont plus de 5 000 personnes potentiellement concernées, qui auront besoin de toucher le chômage. Sans oublier les Calédoniens susceptibles de prétendre à une mesure de chômage partiel, là aussi spécifique à cette crise. Un chiffre estimé aujourd'hui à environ 15 000.
Quant au coût du chômage, il est évalué à 27 milliards de Fcfp pour 2024. Et, ce sont déjà 120 milliards de Fcfp de dégâts déclarés aux assurances. Le fonds de solidarité de l’État, mentionné par Emmanuel Macron lors de sa venue, "est en cours d'élaboration et de finalisation", selon Christopher Gygès, porte-parole de l'exécutif calédonien. Il pourrait être dévoilé "dans les prochains jours", pour venir en aide aux petites entreprises.
Les non-indépendantistes critiquent l'efficacité de l'État en matière de sécurité
Les Loyalistes et le Rassemblement-Les Républicains ont tenu une conférence de presse ce vendredi 31 mai. Ils ont critiqué l'efficacité des forces de l'ordre et ont aussi appelé les Calédoniens à se protéger eux-mêmes face à ce qu'ils estiment être les lacunes de l'État en matière de sécurité.
"On sait très bien qu’il va y avoir des dérapages si, au bout de 19 jours d’émeutes, effectivement, l’État ne passe pas à la vitesse supérieure en matière d’occupation du terrain avec les forces de l’ordre qui sont désormais extrêmement nombreuses.", a déclaré Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rasssemblement au Congrès.
Les Loyalistes espèrent que le FLNKS se remettre autour de la table. En attendant, le CCAT a appelé à lever le pied sur la mobilisation mais les jeunes Kanaks n'entendent pas relâcher la pression et restent mobilisés sur les barrages. Des jeunes qui réclament "la démission de tous les élus, loyalistes et indépendantistes".