La réforme des rythmes scolaires a "beaucoup impacté les familles sur le plan financier" souligne Tahia Chung Tien

Tahia Chung Tien, la présidente de la Fédération des associations des parents d'élèves des établissements publics de Polynésie française.
La réforme des rythmes scolaires pourrait être annulée par le tribunal administratif. Ce qui engendrerait un retour aux 27 heures de cours en maternelle et primaire, au lieu de 24. Vu l'absence de consultation, la présidente de la Fédération des associations des parents d'élèves des établissements publics de Polynésie française n'est pas étonnée. Tahia Chung Tien donne son avis dans notre rubrique invitée café.

Les nouveaux rythmes scolaires pourraient être remis en cause le 15 avril prochain. Le syndicat de la fonction publique a déposé un recours, estimant que le gouvernement a oublié de consulter certaines personnes avant la mise en place de cette réforme. La présidente de la fédération des associations des parents d'élèves des établissements publics de Polynésie française partage cette opinion. "Il est vrai que certains partenaires n'ont pas été inclus dans la discussion de cette mise en place des nouveaux rythmes scolaires. Nous, nous avons été consultés sauf que lorsqu'il y a eu des consultations, on a été pris chacun de notre côté mais on n'a jamais eu une véritable table ronde ensemble pour discuter de ces différents changements. (...) Le syndicat a retracé exactement toutes les interrogations que nous avons déjà posé auprès du ministère, auprès de la commission de l'éducation", expose Tahia Chung Tien. 

Si le tribunal administratif suit l'avis du rapporteur public, la réforme sera annulée et les rythmes scolaires reviendront à 27 heures hebdomadaires au lieu de 24, sachant qu'il y a déjà eu des difficultés à s'adapter en août dernier. "Cela va être difficile de retourner au 27 heures, les familles vont devoir encore prendre leurs dispositions. Mais que pour certaines familles ça va les aider parce que finalement, comme on l'a toujours dit sur le plan financier, ça a beaucoup impacté sur certaines familles pour la garderie. (...) Le problème c'est que nous n'avons pas une administration flexible. Actuellement  ils sont obligés de prendre leurs dispositions mais il faut payer, payer, payer" insiste Tahia. 

Pas de nouvelles des 150 millions xpf pour le périscolaire

Le gouvernement avait pourtant fièrement dégainé un fonds d'amorçage de 150 millions dédiés aux activités périscolaires dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Le ministre Ronny Teriipaia indiquait, le 14 janvier dernier, que ce budget avait été "inscrit au sein du ministère de l'Éducation pour aider les familles, les communes ou les associations à mettre en place ces activités périscolaires" . Des fonds dont les familles n'ont eu "aucun retour" selon la présidente de la fédération des associations des parents d'élèves. "Les 150 millions ont soi-disant été attribués mais est-ce que ça a été dispatché ? Je n'en sais rien. Est-ce qu'il y a des choses qui ont été mises en place depuis ? Non. Donc qu'est-ce qu'on en fait ?" s'interroge Tahia Chung Tien. 

Le ministre avait aussi argumenté en faveur de la réforme, en citant les résultats de l'enquête de la DGEE : 53% des familles seraient satisfaites des nouveaux rythmes scolaires. Des données qui ne manquent pas de faire réagir Tahia Chung Tien. "Si on compare au choix qu'il y a eu à faire lorsqu'il y a eu le vote, plus de 22 000 familles avaient voté... Actuellement, avec ces 1 046 familles, quand on dit qu'elles sont satisfaites, je suis désolée mais ce n'est pas représentatif" lance-t-elle.

Reste à savoir ce que le TA décidera le 15 avril. 

Par ailleurs, une nouvelle phase de consultation a été lancée pour modifier la charte de l'Education. Les discussions se font "sur invitation du ministre" et ne sont abordables à tous qu'à titre d'information sur internet. La charte de l'Education sera également au cœur des discussions lors du Haut comité de l'Education jeudi.