Pour la première fois, les jeunes résidents étaient tous réunis en bas de leur immeuble de la Cité Grand à Pirae. Cette résidence des jeunes travailleurs, ouverte depuis Juin 2021 n’a encore jamais été inaugurée. Composée de 26 appartements, elle était jusqu’alors sous l’égide de l’agence immobilière sociale de Polynésie française.
Reprise par la DPDJ depuis le 1er janvier 2022, le directeur de la délégation Teiva Manutahi a souhaité rencontrer les jeunes en personne. Une réunion d’information s’est donc tenue jeudi 13 janvier 2022 en fin d'après-midi à la Cité Grand. Abel Temarii, 1er adjoint au maire de Pirae, une partie du cabinet d’Isabelle Sachet, ainsi que la ministre de la famille en personne étaient également présents.
Ce qui change
Pourquoi ce changement de bailleur ? Teiva Manutahi a dit vouloir remettre de l’ordre dans le fonctionnement de ce dispositif et offrir un réel accompagnement pour chacun des jeunes résidents.
« Nouveau bailleur, nouvelles règles. En fait, vous serez soumis au même règlement et aux mêmes conditions qui seront, cette fois, appliquées » a-t-il avancé.
L’ancien bailleur – l’AISPF – ne semblait pas appliquer strictement les conditions inscrites dans le contrat de logement. En effet, pour prétendre à un appartement de la résidence des jeunes travailleurs, les locataires devaient être âgés entre 18 et 30 ans, être en contrat à durée déterminé, stage ou formation rémunérés. Le contrat de bail est d’une durée de trois renouvelable si la situation est toujours « précaire », et ce, pendant deux ans maximums pour permettre un roulement et offrir cette opportunité à d’autres locataires.
Jusqu’à maintenant, la situation des résidents n’avait jamais été réévaluée au bout du troisième mois. Or, entre temps, certains locataires ont changé de situation, un changement qui ne leur permet normalement plus d’occuper le logement (quelques-uns d’entre eux ont par exemple obtenu leur CDI). Teiva Manutahi l’a déploré.
Seuls changements, l’ouverture d’un nouveau contrat EDT, à la charge des locataires, et le versement du loyer – qui reste à 20 000 cfp – au Trésor public. Un nouveau poste de régisseur devrait ouvrir très prochainement au sein de la DPDJ, pour que les versements puissent être gérés directement au sein de l’institution.
Des demandes enfin exprimées
Placée sous le signe de l’échange et l’écoute, cette rencontre était l’occasion pour les jeunes résidents d’exprimer leurs interrogations et leurs requêtes. Et ils en avaient ! Fuites à répétition, omniprésence de cafards... L'un des appartements a même été privé d'électricité durant trois jours, par erreur.
Les locataires se sont également plaints de nuisances sonores causées par les résidents relogés dans les bâtiments voisins. « Il n’est pas encore 6 heures du matin qu’ils mettent la musique, parlent fort et rient aux éclats… Tous les jours et le soir aussi… Je n’ai rien contre eux mais nous on travaille, on est fatigués, on aimerait juste dormir tranquille » regrette l’un des résidents du foyer.
Ces nuisances ne datent pas d’hier. Le problème remonte à plusieurs mois… Les propriétaires des maisons voisines s’étaient déjà plaintes des jeunes du quartier de sinistrés. La résidence des jeunes travailleurs, au-delà de proposer un toit aux jeunes actifs en mal de logement, avait été étudiée par le Pays depuis 2019 pour tenter de réconcilier les deux parties, créer un quartier solidaire et « de la mixité sociale », a expliqué Teiva Manutahi.
Le directeur de la délégation projette d’aménager les jardins de la résidence en fa'a'apu, cultivés par l’ensemble des résidents. Le bâtiment devrait être repeint par les artistes du festival Ono’u. Teiva Manutahi envisage même de construire un espace de travail pour les résidents de l’immeuble qui serait aussi un lieu d’échanges et de rencontres pour ces jeunes.
Chaque mois, le dispositif coûte 800 000 cfp au Pays.