Préserver 146 milliards Fcp, c’est le budget de fonctionnement, 41 milliards Fcp, c’est le montant de l’investissement prévu. 20 milliards Fcp sont alloués à l’éducation. La santé reçoit 600 millions Fcp de plus pour s’équiper. 4,6 milliards Fcp sont attribué au Sefi pour relancer l’emploi. 1 milliards Fcp au CFPA. 5,2 milliards Fcp pour la CPS. 2,9 milliards Fcp pour les IME. 8,5 milliards Fcp sont dédiés à la solidarité.
Objectif annoncé par le gouvernement : maintenir la cohésion sociale, redistribuer les fruits de la croissance et réduire la fracture sociale.
Dans les rangs de l’opposition, les critiques sont nombreuses. Niuhau Laurey dénonce le fait que la dette du Pays passe de 79 à 150 milliards Fcp, que la masse salariale des fonctionnaires explose passant à un niveau record de 34 milliards Fcp. "On a un président qui demande à tous les Polynésiens de faire des efforts et, dans sa gestion des deniers publics, on voit qu'il n'en fait aucun," déplore Nuihau Laurey à la sortie de la séance.
Teva Rohfritsch, qui siège comme non-inscrit, taxe le budget d’incohérent et d’irréaliste, fustigeant la nouvelle taxe mise en place par le gouvernement, la CST et les recettes fiscales notamment liées à la TVA. Pour lui, le gouvernement taxe davantage les Polynésiens. "Les Polynésiens souffrent de l'inflation et le gouvernement fait semblant d'avoir de bons résultats en taxant davantage."
Les indépendantistes s’inquiètent de la fracture sociale qui s’agrandit : "ils se sont un peu lâchés sur les aides et les accompagnements, et ça n'augure pas de la sérénité pour la situation réelle dans laquelle la fracture sociale se situe," regrette Anthony Géros, président du groupe Tavini à l'Assemblée.
Le président du Pays reste serein face à toutes ces critiques : "J'augmente les allocations familiales, le moni ru'au, parce que certains en ont besoin pour vivre : on me taxe d'électoraliste. Je vais prendre quelques mesures pour essayer de faire vivre ceux qui ont des difficultés à la fin du mois en enlevant la CST pour ceux qui partent à la retraite, on me taxe de...donc, ce qui est important, c'est que nos actions vont le sens attendu par la population aujourd'hui, c'est-à-dire préserver le pouvoir d'achat et baisser le cout de la vie."
Enfin, plusieurs membres de l’opposition voudraient savoir combien de CAE sont prévus l’an prochain, car cette dépense peut être très stratégique pour les élections du mois d’avril.
Les débats dérapent en milieu d'après-midi
En milieu d'après-midi, les débats ont dérapé suite à une question de Teva Rohfritsch concernant l'amendement adopté par le Sénat, prévoyant le versement de 5 milliards Fcp à la CPS par l'Etat. "Pourquoi n'inscrivez-vous par la recette de 5 milliards Fcp au titre de la solidarité pour la CPS ? Est-ce que ça solde les frais pour les maladies radio-induites de la CPS ? Est-ce que ça finance le trou de la PSG ?"
"Je suis triste de voir que les deux sénateurs que j'ai soutenus, que les maires ont soutenu, sont en train de se bouffer le bec. Pourquoi régler des problèmes en sous-main quand on peut le faire ouvertement ?, " a commencé le président Edouard Fritch avant de traiter Teva Rohfritsch d' "andouille", "arrêtez monsieur Rohfritsch, quel minus alors ! [...] arrêtez un peu, merde !"
Teva Rohfritsch n'a pas caché son indignation : "vous êtes en forme, monsieur le président aujourd'hui ! C'est comme ça que vous considérez la représentation de l'Assemblée ? On atteint vraiment des sommets." Rapidement rejoint par sa collègue Nicole Bouteau : "Je n'ai jamais entendu dans cet hémicycle, des élus proférer des insultes telles que celles que nous venons d'entendre. [...] Un peu de respect. Et monsieur le président de l'Assemblée, vous ne pouvez pas laisser faire des choses comme ça. Si c'était nous, vous seriez le premier à nous couper le micro."
Nicole Sanquer et Nuihau Laurey du groupe A here ia Porinetia n'ont pas manqué de s'indigner : "Si je ne suis pas d'accord avec un élu, est-ce que je suis autorisé à le traiter d'andouille ? Est-ce que le président a ce droit au sein de cette Assemblée ?"
Et Teva Rohfritsch de conclure : "C'est pas faire l'andouille, le minus ou provoquer la merde que de poser des questions sur le budget. C'est indigne d'un président de la Polynésie d'insulter les élus de l'Assemblée."
En fin de séance, Edouard Fritch a fait amende honorable : "Je voudrais dire toute ma tristesse pour ce petit incident que nous avons connu. Mais je pense, monsieur le président [de l'Assemblée ndlr] que, pendant ces deux mandats que nous avons passés ensemble, c'est quand même le respect les uns envers les autres qui a primé et j'ai aussi constaté qu'à chaque fois que les tons montaient et que l'on ne respectait pas les intervenants, effectivement, c'est sujet à dérapages, énervements et tout ce que l'on peut déplorer...Je l'ai dit, je m'excuse des termes qui ont été utilisés et qui ont blessé certains."