Tandis que Moetai Brotherson et Gaston Flosse suivent les face-à-face depuis la loge maquillage de Polynésie la 1ère, Steve Chailloux et Nicole Sanquer ouvrent le bal.
Nicole Sanquer vs Steve Chailloux (circonscription 2)
La candidate de l'union autonomiste a battu le député sortant au premier tour dans cette circonscription qui détient le record d'abstention.
Débat plutôt calme entre les deux anciens députés. Ils confirment tous deux leur positionnement à l'Assemblée nationale : "pas dans les extrêmes" réaffirme Nicole Sanquer du Amui Tatou, et "nous siégerons de nouveau de gauche si nous gagnons" dit Steve Chailloux, du Tavini Huiraatira. Le candidat indépendantiste "s'inquiète" de la montée du Rassemblement national en métropole, "car nous ne partageons pas du tout leurs valeurs".
Le face-à-face se poursuit dans une atmosphère plutôt sereine. Nicole tente de piquer son adversaire sur la question du clivage autonomie-indépendance. "On se rend compte que rien n'est prêt, c'est ce qui nous inquiète et a permis ce rassemblement autonomiste" pointe la présidente du A Here ia Porinetia. Steve ne bronche pas : "Non", pour lui le clivage n'a pas sa place dans cette campagne. Fin du débat. Mais Nicole Sanquer renchérit.
"Nous défendons l'autonomie parce-que c'est l'autonomie qui a construit ce pays. Nous voyons bien qu'on veut occulter l'indépendance. Monsieur Chailloux le confirme, alors que nous voyons bien à l'assemblée de Polynésie : à chaque intervention, nous entendons le mot indépendance. Mais ce qui nous inquiète c'est ce manque de cap (...). Mais je vois bien qu'on ne veut pas en parler".
Nicole Sanquer, candidate Amui Tatou (circo 2)
Face à elle, le candidat bleu ciel l'accuse de vouloir "perpétuellement refaire le match des territoriales."
"C'est une des problématiques de notre Pays. Lorsque les gens nous disent qu'ils ne comprennent pas le rôle du député, le rôle du maire, le rôle du gouvernement, il y a une cacophonie autour de la différenciation de chacune des fonctions. Quand nous sommes dans des élections législatives, Nicole Sanquer et ses consœurs et confrères du Amui Tatou veulent perpétuellement refaire le match des élections territoriales. D'autant que dans la deuxième circonscription, il n'y a pas eu de vote sanction contre le Tavini Huiraatira. Entre 2022 et 2024, il y a un effondrement de plus de 4 000 voix chez les autonomistes et un surplus de 3 000 voix pour les indépendantistes. Nos petits peapea d'indépendance, d'autonomie, c'est le fond de commerce des autonomistes."
Steve Chailloux, candidat Tavini (circo 2)
Deux sujets rassemblent néanmoins les candidats : la situation en Nouvelle-Calédonie dont "l'Etat est en partie responsable" dixit Nicole Sanquer ainsi que le nucléaire. Les candidats défendent la nécessité de travailler en équipe sur ce dossier, y compris avec l'opposition. En revanche, "il faut en parler avec son parti d'abord" lance Steve Chailloux, en référence à la proposition de résolution de loi présentée par Hinamoeura Morgant-Cross.
Seul regret pour les deux candidats : une campagne express qui ne leur a pas permis de toucher un maximum d'électeurs, notamment aux Australes.
Mereana Reid-Arbelot vs Pascale Haiti-Flosse
Après trente minutes de débat, place à la circonscription 3, avec un face-à-face plus houleux que le premier. Pascale Haiti-Flosse sort les crocs d'entrée de jeu sur la question du positionnement à l'assemblée. "Je représente le Amui Tatou ce soir : droite ou centre, c'est tout" répond-elle sèchement. Mereana Reid-Arbelot garde le cap : ce sera la gauche. "Même dans la minorité on peut faire passer des dossiers" assure-t-elle.
Que comptent-elles faire en tant que députée ? Pascale se positionne en défenseuse du peuple "qui a faim" et balaie d'un revers de la main les dossiers évoqués concernant le rôle propre du député.
La priorité c'est de baisser le coût de la vie. Les Calédoniens veulent partir avec les Polynésiens en France pour faire baisser le coût du fret. Ça c'est du concret. Je me battrai pour eux ; parler du statut, ce n'est pas ce que les Polynésiens me demandent. Ce Pays est dans une crise sociale, sanitaire. Il faut se battre pour eux.
Pascale Haiti-Flosse (circo 3)
Son adversaire indépendantiste tente alors d'expliquer concrètement à quel niveau peut agir un député.
"Dans la loi Polynésienne on peut faire des évolutions statutaires comme par exemple sur la proportionnelle, l'élection du président de la Polynésie française [au suffrage universel direct]."
Mereana Reid-Arbelot, candidate Tavini (circo 3)
À court d'argument, Pascale lance deux ou trois mots désobligeants à l'encontre de son adversaire. "Vous me faites pitié" lâche-t-elle. Mereana tente de garder la tête froide face à ces attaques. "Les propos de mon adversaire sont incohérents. (...) Je préférerais que l'on parle des législatives" se défend Mereana Reid Arbelot, en clarifiant certains points : "on est à l'écoute et on relaie cela à l'assemblée de Polynésie, le retour du terrain, nous les écoutons."
Sur le clivage autonomie-indépendance, Pascale Haiti-Flosse réagit à la réconciliation entre la sénatrice Lana Tetuanui et Edouard Fritch. Après avoir déposé sa démission du Tapura, qui n'a pas été actée par le parti, une photo de Lana Tetuanui et Edouard Fritch diffusée sur les réseaux sociaux, les montrent bras dessus, bras dessous. "Ils se sont réunis pour qu'on gagne samedi" se réjouit Pascale.
Les réseaux sociaux justement, jouent un rôle dans cette campagne accélérée. Lieu d'expression, d'information mais aussi de désinformation où tous les coups sont permis. Comme dans un post publié sur la page "Amui Tatou circonscription 3", supprimé depuis, comparant les deux candidates et visant à décrédibiliser Mereana Reid-Arbelot. "Je le découvre ce soir. J'ai lu beaucoup de mensonges sur les réseaux sociaux. Personnellement j'essaie d'éviter tout ce qui n'est pas respectueux" rétorque la candidate indépendantiste. Pour son adversaire, "tu ne peux pas freiner les militants. Si des militants veulent affirmer leurs convictions, qu'est-ce qu'il y a de mal ? Ils veulent le changement. C'est vrai que je hausse un peu le ton. Pourquoi ? Quand je vois les gens qui demandent de l'aide, je ne peux pas rester insensible" argumente Pascale.
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