Marumaru, ces arbres centenaires que l'on a tué à petit feu

Un Marumaru de l'avenue Pouvanaa a Oopa.
Depuis le décès tragique du jeune homme de 23 ans suite à la chute d’un arbre à Paofai, une importante opération d’élagage a débuté à Papeete. Sur 480 spécimens, la commune en a recensé une vingtaine rongée de l’intérieur. Six d'entre eux ne font déjà plus partie du paysage. Les élus rassurent : ces arbres devraient être remplacés, même si les marumaru étaient à la base un excellent choix.

Voilà plus de cent ans qu'ils nous font de l'ombre et nous offrent un peu de fraîcheur et d'oxygène, sans qu'on ne prenne vraiment le temps de les observer et de les dorloter. Les marumaru, originaires d'Amérique tropicale, ont été introduits en Polynésie il y a environ 150 ans pour orner les avenues, comme Pouvanaa a Oopa à Papeete. Autant d'années qu'on les couvre de goudron et qu'on les tue à petit feu.

Les marumaru, originaires d'Amérique tropicale, ont été introduits en Polynésie il y a environ 150 ans pour faire de l'ombre sur les avenues, comme celle de Pouvanaa a Oopa à Papeete.

Aujourd'hui, ils s'abattent sur nous et occasionnent des dégâts, comme le 29 juillet près de la clinique Paofai. L'issue est mortelle pour un jeune homme d'à peine 23 ans.

Depuis cette tragédie, la commune de Papeete a engagé une opération d'envergure. Six arbres ont été coupés en l'espace de trois semaines. Une vingtaine de spécimens doit disparaître en urgence. Ils ne tiennent plus qu'à une racine... Samedi, l'abattage d'un marumaru a dévoilé un trou d'1 mètre 80 en son cœur, invisible de l'extérieur. Il lui restait seulement trente centimètres d'écorce tout autour, avant de s'effondrer.

Dimanche, la société d'élagage a libéré un Marumaru emprisonné dans un ficus, rue Dumont D'urville.  

Un marumaru emprisonné dans les racines d'un ficus.

Un arbre pourtant résistant

La commune réfléchit encore à des espèces "plus résistantes" pour les remplacer, avec "des racines qui s'enfoncent davantage dans le sol. Le problème du Marumaru c'est qu'il a des racines en hauteur, très larges mais qui ne plongent pas et c'est ce qui fait sa fragilité lorsqu'il prend de l'âge" estime Patrick Bordet, élu en charge de la sécurité à Papeete. Plusieurs idées ont été évoquées mais "on attend encore un peu" confie à son tour Rémy Brillant, directeur général des services de la ville. "Pour le moment, c'est plutôt la sécurité de la population qui compte". Les élus souhaiteraient faire venir un expert national des arbres pour faire le(s) meilleur(s) choix.

Patrick Bordet et Rémy Brillant, en train de mesurer le trou du marumaru abattu samedi 10 août.

 

Le Marumaru est pourtant un spécimen très résistant, selon le botaniste Jean-François Butaud. Contacté par téléphone, il nous confie les atouts majeurs de cet arbre, que les constructions ont fini par achever au fil des décennies. "C'était au contraire un très bon choix ! Le Marumaru est résistant mais on l'a ignoré et mal entretenu pendant toutes ces années" dit-il. 

Ces abattages font tout de même des heureux, à l'image de société de bûcherons mobilisés, des menuiseries ou encore du centre des métiers d'arts, qui pourront revaloriser ces restes d'arbres en meubles ou en œuvres d'art. Les copeaux de bois sont aussi très utiles pour les toilettes sèches...