Vendredi 5 juillet, la Cour d’appel de Nouméa a rejeté les demandes de remise en liberté de cinq militants indépendantistes accusés d’avoir joué un rôle dans les récentes émeutes sur l’archipel. Parmi eux, le chef de la CCAT Christian Tein. La requête a toutefois été acceptée pour deux mises en cause : Frédérique Muliava, la directrice de cabinet du président du congrès de Nouvelle-Calédonie, et Brenda Wanabo, chargée de communication de la CCAT. Les deux femmes sont néanmoins assignées à résidence dans l'Hexagone, soit à 17 000 kilomètres de leur pays, pendant dix mois.
Après plus de deux semaines passées derrière les barreaux dans l’Hexagone, Frédérique Muliava a donc pu sortir de prison, ce mercredi matin. Mais elle va désormais devoir vivre sous bracelet électronique, elle ne peut pas rentrer sur le Caillou. "Ça y est, on a réussi !", a-t-elle déclaré à sa sortie de la prison de Riom où ses proches l'attendaient depuis des heures. Entre joie et larmes, un moment d'émotions.
"Je suis très heureuse, c'est une mère de famille avant tout, elle a été séparée de ses enfants. Donc là, je suis soulagée"
Nièce de Frédérique Muliava
Malgré le soulagement, Frédérique Muliava sait, au fond, que cette libération n’est qu’une première étape dans le long parcours judiciaire qui l’attend. Elle, comme d’autres militants indépendantistes, est accusée d’avoir eu un rôle dans les émeutes qui frappent la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai. Les prochains mois, elle sera assignée à résidence chez un proche, qui vit à Clermont-Ferrand, grande ville située près de Riom. Elle n’aura pas le droit d’entrer en contact avec les autres mis en examen, devra respecter certains horaires pour sortir, et aura interdiction de quitter le département du Puy-de-Dôme.
Un dixième mort
Ces libérations interviennent alors qu'une dixième personne est décédée en Nouvelle-Calédonie. Il faut dire que l'envoi en prison dans l'Hexagone de plusieurs militants indépendantistes de la CCAT n'a pas contribué à apaiser les tensions. Fin juin, la nouvelle a même poussé certains à ériger des barrages en dehors du grand Nouméa, seule localité qui était jusque-là touchée par les violences.
Selon l'Agence France presse, qui cite une source proche de l'enquête, la victime a été touchée par un tir de riposte à longue distance effectué par un membre du GIGN, le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. C'était lors d'une opération destinée à débloquer la RP1, seul axe qui relie le Sud au reste de la Calédonie. Alors que les gendarmes étaient ciblés par des tirs d'arme à feu, le GIGN, engagé en appui, aurait localisé le tireur et riposté.
D'après une autre source proche de l'enquête mentionnée par l'AFP, les gendarmes intervenaient dans le but d'aller interpeller les auteurs de tirs et ont été pris à partie au niveau de l'église. L'homme décédé était un habitant de Saint-Louis, connu de la justice : Rock Victorin Wamytan, dit "Banane". En 2018, il était condamné en appel à dix ans de prison pour son rôle dans les violences qui ont éclaté fin 2016 après le décès d'un jeune habitant de la tribu de Saint-Louis tué par un gendarme au cours d’un contrôle anti-délinquance à La Coulée.