Taxer davantage l'avion, pour financer le train...la mesure n'a pas vraiment de sens pour la Polynésie. C'est un projet porté par le ministre délégué chargé des transports Clément Beaune, pour développer le secteur ferroviaire, car considéré plus écologique. Cette taxe fait partie du projet de loi de finances (PLF) 2024 qui sera aucœur des discussions dès fin septembre à l'Assemblée nationale.
Lutter contre la pollution
Si on ne sait pas encore exactement ce que cette taxe réserve, elle fait déjà débat puisque le secteur aérien -fragilisé par la période covid- est soumis à de très nombreuses taxes, qui représentent parfois plus d'un tiers du billet d'avion. En parallèle, la décarbonation de l'aérien devrait aussi coûter plusieurs milliards d'euros.
"Ce n'est pas le moment de mettre une taxation qui profitera au secteur ferroviaire : on laisse penser que ce sera demain une alternative, mais dans la plupart des cas, l'avion propose des liaisons internationales ou transversales où le train n'a pas justement une offre satisfaisante à proposer. Je pense qu'au contraire, il faut que le secteur aérien dispose des ressources nécessaires pour sa décarbonation" confiait Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français à Franceinfo.
Pourtant, le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune a réaffirmé son intention, toujours sur Franceinfo : "nous avons besoin d'investir massivement dans la transition écologique. Et l'une des sources de financement, c'est de demander aux modes de transport les plus polluants, la route et l'avion, de financer l'investissement, notamment dans le train pour qu'il y ait plus de trains et que les prix soient moins élevés", a-t-il déclaré.
Quid de la Polynésie ?
Si le projet se concrétise, la Polynésie sera forcément impactée. Moetai Brotherson avait déjà pointé du doigt cette mesure lorsqu'il était président de la délégation aux Outre-mer à l’Assemblée -les prix des billets sont déjà bien trop élevés au Fenua. Ce que souligne aussi la députée Mereana Reid-Arbelot, dans une publication sur les réseaux sociaux.
"J’invite le Ministre à reconsidérer le référentiel pour les Polynésiens qui doivent parcourir 18 000 kilomètres et 12 fuseaux horaires pour 'passer Noël en famille' (...). Je dis OUI à la transition écologique mais pas au détriment des populations ultramarines et du développement des Outre-mer. Quand est-ce que le gouvernement central se rappellera qu'il est responsable de personnes et de familles situées au-delà des Mers, où le train n'est pas une option ?" proteste-t-elle.