Une enfance dans les communes "surf"
Steven Pierson a grandi dans les communes "surf" de Polynésie, Papenoo, Mataiea, Papara. "Ma maman, elle essayait de chercher des maisons loin de la ville, moins coûteuses au niveau de la location. C'est pour ça qu'on habitait un peu plus dans les districts". Naturellement, il se met au surf. "L'ambiance était plus amicale. Le surf n'était pas aussi connu. Aujourd'hui, le surf a pris beaucoup d'ampleur et maintenant, on a beaucoup plus de partiquants sur les spots de surf."
Il se lance dans la compétition à l'âge de 13 ans. Rapidement, il fait partie des meilleurs surfeurs locaux. Il est sélectionné pour l'équipe de Tahiti cadets-juniors pour partir aux championnats du monde. Après l'obtention de son bac, il a commencé à faire des compétitions internationales, des pro juniors et des WQS (world qualifying séries, l'antichambre du circuit mondial pro).
Surfeur pro
"Je n'ai pas tout de suite eu cette ambition de devenir surfeur pro, c'est venu petit à petit, en remportant des compétitions". Il remporte plusieurs titres de champion de Tahiti, des compétitions sur le circuit international. Néanmoins, être présent sur le circuit WQS est différent du WCT, le circuit mondial des meilleurs surfeurs pro. "C'est différent. On a souvent des vagues assez molles, assez compliquées, ce ne sont pas les meilleures condititions. C'est toujours très difficile de partir à l'étranger, surfer dans des eaux froides, d'être loin de sa famille."
Steven Pierson ne regrette rien."Au niveau de ma carrière, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire toutes ces compétitions là. C'était quand même magnifique de découvrir tous ces pays là. On a tout de même eu de la chance, parce qu'on a pu voyager aux quatre coins du monde."
"J'ai gagné ma vie avec la pêche, pêche de nuit, pêche au filet, pêche de jour en haute mer avec un copain. Je gagnais ma vie comme ça"
Steven PiersonHorizon Teahupoo - Polynésie la 1ère
Son meilleur souvenir
Après ses trois premières années sur le circuit étranger, il est contraint de s'arrêter car il n'a plus de sponsors, ni de budget. Il se consacre aux compétitions locales et surtout à la pêche. "J'ai gagné ma vie avec la pêche, pêche de nuit, pêche au filet, pêche de jour en haute mer avec un copain. Je gagnais ma vie comme ça. Il y avait des prize money sur les compétitions locales. Je vivais comme ça".
A cette époque, il rencontre sa compagne qui l'encourage à reprendre la compétition. "Elle m'a dit : 'tu es encore jeune, essaye de retourner sur les compétitions'. Du coup, elle m'a aidé à trouver des sponsors". C'est lors de son retour sur les compétitions internationales qu'il va remporter sa plus belle victoire en Espagne. Un WQS trois étoiles. "Il y avait beaucoup de surfeurs du WCT qui étaient présents, car c'est une compétition qui était entre deux étapes importantes du circuit pro. J'étais heureux d'avoir battu des gars du CT. C'est une belle récompense d'avoir gagné une compétition sur le WQS. C'est un peu tous les sacrifices qui sont récompensés. Nous ne sommmes pas nombreux à avoir gagné un WQS".
"Je n'ai pas vu grandir mon petit pendant un an et c'est là que j'ai dit stop. Je n'ai pas fait un enfant pour ne pas l'élever"
Steven PiersonHorizon Teahupoo - Polynésie la 1ère
Moniteur de surf
En 2015, Steven Pierson décide d'arrêter sa carrière. "Je n'ai pas vu grandir mon petit pendant un an et c'est là que j'ai dit 'stop'. Je n'ai pas fait un enfant pour ne pas l'élever et ne pas vivre à ses côtés". Une fois encore, c'est sa compagne qui le pousse à passer son diplôme de moniteur de surf, en parrallèle de son retour sur le circuit pro. Il doit passer plusieurs mois en France pour obtenir le BPEJPS, sésame indispensable pour devenir moniteur de surf.
Après sa carrière, il ouvre son école de surf. "J'ai toujours eu cette envie de partager mon expérience, d'aider les autres. Avant d'avoir mon diplôme, je coachais déjà un peu, notamment les jeunes surfeurs qui sont arrivés après notre génération avec Michel [Bourez NDLR]". Aujourd'hui, en dehors de son école de surf, il est aussi coach de la sélection tahitienne de surf.
"C'était sympa de participer avec eux, de gagner et de les voir faire podium à côté de moi"
Steven PiersonHorizon Teahupoo - Polynésie la 1ère
Papa coach
Steven Pierson a aujourd'hui deux garçons, avec qui il partage sa passion du surf. En décembre, il a emmené ses deux fils en surf trip en Californie. Ensemble, ils ont participé à quelques compétitions. Ils sont tous les trois rentrés médaillés. "C'était magique" raconte le papa avec les étoiles pleins les yeux. "Au début, je n'étais pas censé faire la compétition. Ce voyage était consacré à eux. Leur faire découvrir d'autres vagues. En arrivant sur place, je me suis dit 'pourquoi ne pas faire la compétition avec eux ?' C'était sympa de participer avec eux, de gagner et de les voir faire podium à côté de moi."
Néanmoins, il n'est pas toujours facile d'être à la fois papa, mais aussi d'être coach."C'est toujours agréable de partager quelque chose avec ses enfants, mais plus on élève le niveau (...) plus ça devient compliqué. Sachant que je suis papa et coach en même temps pour mes deux petits, ces deux rôles en même temps, c'est assez compliqué. Je suis assez sévère à l'entraînement, mais je dois ajuster, ne pas être trop sévère, faire en sorte qu'ils prennent quand même du plaisir, mais si on veut évoluer dans un sport, on est obligé d'avoir une certaine rigueur, et à leur âge, c'est très compliqué". Mais pas question pour le papa coach de négliger l'avenir de ses deux garçons. "Ils sont scolarisés, ils sont obligés de bien travailler à l'école. S'ils ne travaillent pas bien à l'école, il n'y a pas de surf."
"Ils ont dit dans une interview qu'ils veulent être champions du monde de surf, donc s'ils le veulent vraiment, ils ont plutôt intérêt à s'entraîner, à avoir une certaine rigueur, une bonne hygiène de vie. On verra ce que le futur nous donnera."
Steven PiersonHorizon Teahupoo - Polynésie la 1ère
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le podcast Horizon Teahupoo sur notre site internet en vidéo et en audio, mais aussi sur notre page Youtube.