Territoriales Polynésie 2023 : emploi, jeunesse, violences, nucléaire… Quelles propositions ?

De gauche à droite : Jean René Suard de Ia Ora Te Nuna et Tiare Trompette du Tapura pour la section 1, suivi de Maxime Hauata pour Heiura les Vert dans la section des Australes
Trois candidats, trois partis, trois visions… Ce mercredi 5 avril, Ibrahim Ahmed Hazi recevait comme invités Café : Jean René Suard de Ia Ora Te Nuna et Tiare Trompette du Tapura pour la section 1, suivi de Maxime Hauata pour Heiura les Vert dans la section des Australes. Au coeur des discussions : l’emploi, la jeunesse, la violence et la question du nucléaire.

Il fait ses premiers pas dans la politique. Jean René Suard a 37 ans. Commerçant puis professeur de mathématiques, il a finalement rejoint les rangs de Ia Ora Te Nuna avec Teva Rohfritsch et Nicole Sanquer. « Depuis le Covid, les gens n’accèdent plus au logement, la vie est chère mais il y a des solutions. Je veux participer à ces solutions pour mon Pays ». Premier point discuté ce mercredi avec le jeune candidat : la lutte contre la vie chère. Comme beaucoup de candidats, Jean René Suard propose de supprimer la taxe CPS, responsable « de la moitié de l’inflation ». Autre proposition : taxer non plus le fret mais au prix d’achat uniquement, et enfin restreindre l’accès au PPN, produit de première nécessité. Mais ce qui a surtout été abordé ce matin, ce sont les sujets de l’emploi, de la jeunesse, de la violence et du nucléaire… 

La violence et la délinquance


Quel regard portent les candidats suite au déferlement de violences qui a eu lieu à Bora Bora ? « Jeunes, vous n’avez pas besoin de vous taper dessus pour vous faire entendre, il faut discuter. », estime le candidat de Ia Ora Te Nunaa qui se dit contre l’idée d’un couvre-feu à 22h. « La répression n’est pas la solution, il faut proposer plus de logements et d’emplois aux jeunes, améliorer leur qualité de vie pour qu’il y ait moins de haine ». Tiare Trompette, qui fait elle aussi ses premiers pas dans la politique aux côtés du Tapura, estime que ces faits révèlent surtout une jeunesse en perdition et en manque de repères. « La jeunesse doit être encadrée, il faut travailler avec tous les acteurs, on ne peut pas intervenir seul. On doit se coordonner et mettre en place un programme et un projet de vie pour les jeunes ». Le troisième candidat de cette matinée, Maxime Hauata, qui représente Heiura les Verts pour la section des Australes, pointe du doigt l’incompétence des dirigeants et des parents dans cette terrible histoire. « On a instauré les droits de l’enfant, très bien, mais on a souvent oublié les devoirs… Avant, on respectait ses proches et ses voisins, aujourd’hui on a presque complètement perdu ce respect sauf dans les îles comme aux Australes. On doit revoir notre système éducatif ». 

La jeunesse et l’emploi

La jeunesse était justement au coeur des discussions ce mercredi matin. Que faire de cette jeunesse ? Comment l’occuper ? Comment l’aider à se former et à trouver du travail ? « Pour trouver une solution durable, il faut booster l’emploi. Ce que nous proposons est de mettre en place un contrat sur deux ans avec un salaire au SMIG. Ensuite, une fois par semaine, ils peuvent se former en entreprise. On va proposer aussi une formation tout au long de la vie c’est-à-dire quand on intègre une entreprise, on a accès à des formations qui permettront d’avoir d’autres perspectives d’emploi », lance Jean René Suard. De son côté, Tiare Trompette estime qu’il faut avant tout faire un état des lieux de la réalité économique pour mieux cibler. « Il faut ouvrir un campus de qualification par rapport à la mer, fournir un personnel formé pour les emplois autour de la mer, la spécificité de notre territoire. Autre dispositif : le contrat d’apprentissage pour réinsérer les jeunes et les former. On est à la disposition de la jeunesse, tout est prêt pour les cinq prochaines années » assure la candidate du Tapura pour la section 1. Maxime Hauata, le représentant de Heiura les Verts pour les Australes, propose d’accompagner et former les jeunes en particulier ceux des îles pour qu’ils puissent revenir travailler chez eux. « Il faut réserver des emplois pour les gens des îles. Il faut voir la spécificité de chaque archipel et créer de l’emploi par rapport à ça. Le tourisme, c’est très bien, mais il n’y a pas que ça ». 

Revoir le système éducatif, nouveau statut 

Et justement, le candidat propose de revoir le système éducatif pour mieux orienter les jeunes Polynésiens. « Nous n’avons pas créé ces emplois dans les îles. Notre pays est immense avec 90% de désert aquatique et 10% de terre, sauf que les 90% n’ont pas été mis en valeur. Il n’y a pas de formation sur l’océan, il n’y a pas de lycée de la mer, c’est une aberration ». Le candidat de Heiura les Verts estime par ailleurs que l’État a l’obligation d’accompagner les peuples sous sa tutelle pour sa liberté totale, « il faut donc changer le statut de notre pays jusqu’à sa pleine souveraineté. On doit avoir un nouveau statut qui définit les règles, aux partis politiques de se mettre d’accord. Il faut mettre en place notre statut d’autodétermination d’ici 25 ans. Mais on doit être d’accord. ». La candidate du Tapura mise, elle, sur l’éducation et fait de la lutte contre l’échec scolaire, une priorité. « Il faut identifier les enfants en difficulté et leur apporter un  dispositif pour retrouver de bonne condition d’apprentissage. Il faut aussi diminuer les effectifs dans les classes. Et enfin, il faut mettre en place des projets innovant, travailler sur le bien-être à l’école et travailler ensemble avec les parents » explique Tiare Trompette. 

Le nucléaire

Enfin, dernier point important abordé : le nucléaire. L’association 193 a adressé une lettre ouverte aux différentes listes en lice pour les Territoriales en dénonçant l’absence du nucléaire dans les programmes. Elle demande principalement aux candidats de s’engager dans la question de l’indemnisation. « Quand j’étais à l’école, on n’abordait pas le sujet. C’est un problème, on doit accompagner les Polynésiens vers le savoir », argumente Jean René Suard qui demande de grosses réparations de la part de l’Etat français. Tiare Trompette, elle, estime que le Tapura a pris en compte le travail mené lors de la table ronde, organisée à Paris en juillet 2021. « Edouard Fritch a tenu compte des rapports sur ce dossier ». Quant à la question du refus de l’Etat de participer financièrement à l’institut du cancer en Polynésie: « il faut laisser le temps au temps (…) il faut faire de la prévention et de l’intervention d’abord sur le terrain ».