Territoriales Polynésie 2023 : Face à face Nuihau Laurey – James Heaux

Territoriales 2023 : face à face James Heaux / Nuihau Laurey
Ce matin, Polynésie la première radio a inauguré un nouveau format dans le cadre des élections territoriales, un face à face entre deux candidats en lice sur un thème. Nuihau Laurey de A here ia Porinetia et James Heaux du Tavini Huiraatira ont été les premiers. Ils ont débattu autour de l’environnement.

James Heaux du Tavini Huiraatira et Nuihau Laurey du Ia here ia Porinetia ont inauguré cette nouvelle formule proposée par Polynésie la Première. Un face à face qui permet à deux candidats de débattre directement sur un thème. Ce premier numéro, ce jeudi 6 avril, était consacré à l’environnement.

James Heaux candidat du parti bleu dans la première section des Iles du vent indique que «  le respect de l’environnement passe par le développement durable pour que chacun nous puissions, ici en Polynésie, vivre dans un monde plus équitable et en bonne santé ». Il explique que « dans le programme du Tavini Huiraatira, vous avez les trois piliers : vous avez le fa’atura, le respect, vous avez fa’aora soutenir, et fa’atupu bâtir, c’est la même chose pour le développement durable avec la qualité environnementale pour limiter les impacts environnementaux, l’équité sociale pour garantir à chaque Polynésiens un accès aux ressources et aux services de base, tels que l’éducation, la santé et bien d’autres encore, et enfin l’efficacité économique en diminuant pour cela l’extrême pauvreté et en garantissant l’emploi à tous les Polynésiens ».

Nuihau Laurey, tête de la 3ème section des Iles du vent pour le A here ia Porinetia estime que « le sujet de l’environnement, ce n’est même plus un sujet de campagne, c’est un sujet de société, je crois que tout le monde est conscient maintenant de la nécessité de changer beaucoup de choses dans nos comportements compte tenu du réchauffement climatique et de la montée des eaux, on est les premiers à être touchés finalement ». Selon l’ancien ministre de l’Energie, il faut éduquer en mettant en place une « politique active », il propose que « tous les textes votés à l’Assemblée de Polynésie, tous les règlements qui sont pris doivent comporter une étude d’impact, indiquant sur tous les projets publics en quoi ces projets peuvent affecter l’environnement, des mesures compensatoires prévues par l’administration ».

Autonomie alimentaire et énergétique

Sur la question de l’autonomie alimentaire, Nuihau Laurey veut « augmenter massivement les budgets consacrés à toutes les structures de formation dans le domaine agricole ». A here ia Porinetia entend également réformer le système de défiscalisation pour en faire profiter les petits projets.

Si les deux candidats ont semblé avoir des idées convergentes sur plusieurs sujets, Nuihau Laurey a mis en avant son désaccord avec le Tavini sur « l’utilisation de l’hydrogène comme outil d’évolution vers plus d’indépendance énergique ». L’auteur du livre « Énergies renouvelables, plaidoyer pour une véritable politique de l’énergie en Polynésie française » reproche au parti indépendantiste de citer en exemple, l’Islande, pour lui, ce pays « est sur une zone volcanique, nous, on n’a pas cette possibilité ». Il préconise plutôt le développement de l’hydroélectricité et du solaire pour atteindre 70% d’énergies renouvelables en 10 ans.

En matière d’hydrogène, James Heaux a indiqué que cette énergie restait une solution « propre » même si elle n’est « pour l’heure pas du tout développée en Polynésie ». Si le candidat du Tavini veut lui aussi promouvoir ce qui existe et qui a déjà fait ses preuves comme les barrages hydrauliques plébiscités par A here ia Porinetia, il a rappelé que « le frein à ces projets c’est vraiment le foncier, le foncier en Polynésie c’est compliqué, même au sein de la même famille on n’arrive pas à s’entendre, donc pour pouvoir développer sur plusieurs hectares des projets tels que des barrages hydroélectriques, c’est un obstacle ».

Nuihau Laurey et James Heaux se font face à face.

 

Fonds de transition énergétique en Polynésie française

Les deux candidats ont été invités à réagir aux premières déclarations du haut-commissaire Eric Spitz, quand il est arrivé en Polynésie. Le représentant de l’Etat indiquait que le gouvernement central voulait faire du territoire « la vitrine de la transition écologique et environnementale dans le monde ». Le Fonds pour les énergies renouvelables promis par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron en 2021 et le sommet international sur ces questions à la fin de l’année font partie de cette stratégie. Le fonds est désormais une réalité, il est doté de 7 milliards de francs, une convention a d'ailleurs été signée le 27 février dernier par l’Etat, le Pays et les Communes. Des appels d’offres seront lancés pour que les collectivités et les entreprises en bénéficient.

Pour James Heaux, « ce qui est contradictoire, c’est qu’on demande à Paris de l’argent pour promouvoir la transition énergétique, en même temps à coté on injecte plus de 7 milliards dans la subvention au fonds de régulation des prix des hydrocarbures, là, il y a déjà un décalage par rapport à ce qui est fait actuellement par le gouvernement ».

Sur cette question, Nuihau Laurey estime qu’on « n’a pas vocation à être une vitrine ou un sujet de colloque, je suis assez fatigué des colloques et des réunions en grandes pompes où on a des ministres de tous les pays qui viennent annoncer des choses magnifiques pour les années à venir ».

Pour renforcer la souveraineté énergétique, James Heaux propose de mettre en place des dispositifs incitatifs pour acheter des panneaux photovoltaïques, «  c’est couteux car il y a toute la partie technique et assurer la maintenance », de passer par la défiscalisation pour équiper les entreprises et les familles. Ce sur quoi Nuihau Laurey a rebondi, l’ancien ministre de l’Énergie, a expliqué avoir mis en place, en 2015, une subvention directe aux particuliers pour les équiper en panneaux solaires « mais ça n’avait pas marché, parce que les gens n’étaient pas sensibilisés, quand on regarde le taux d’équipement en Polynésie, en matière de panneaux solaires, il est très élevé pour les entreprises et extrêmement faible pour les particuliers ». Il veut proposer à nouveau cette aide mais sans passer par le crédit d’impôt, le dispositif doit être une aide à l’installation.

Le traitement des déchets dans les îles

Quant à l’épineux dossier du traitement des déchets dans les îles, James Heaux estime qu’il faut approuver les politiques sectorielles en matière de traitement des déchets, développer le schéma de prévention des déchets pour avoir une feuille de route car aujourd’hui, « les communes prennent comme elles peuvent des plans de gestion communaux, mais chacun fait un petit peu ce qu’il peut dans son coin », enfin, le Pays doit récupérer la compétence en matière de gestion des déchets « il doit y avoir un chef d’orchestre, ça doit être le Pays  qui doit dire comment y arriver, comment faire, fixer les objectifs ».

Pour Nuihau Laurey, « les petites communes des iles n’ont pas les moyens pour assumer » ces responsabilités.  Il « considère que tout ce qui va vers l’enfouissement pour gérer ce problème dans les iles, ne fonctionne pas, il faut éduquer, sensibiliser la population », favoriser le tri dans « de vraies filières de rapatriement et de traitement de ces déchets dans des centres qui peuvent les traiter ». Le candidat s’est dit favorable à la mise en place « d’une fiscalité pour permettre le rapatriement » des déchets à Tahiti. Les deux candidats se sont accordés pour dire que cette problématique de tri des déchets est source d’emplois.

En langue tahitienne, Temarama Varney, du Ia here ia Porinetia, a fait face à James Heaux, du Tavini Huiraatira.