Cela fait plus de dix mois que le groupe Melchior, propriétaire du quotidien Les Nouvelles calédoniennes, du Gratuit, de la radio NRJ et des IRN (Impreimeries réunies de Nouméa) a été placé en liquidation judiciaire.
À ce jour, les salariés n'ont toujours pas perçu la moindre indemnité. La cause, notamment à la lenteur des procédures. Si certains d'entre eux ont quitté le pays et que d'autres ont eu la chance de rebondir, quelques-uns se retrouvent dans une situation très précaire.
Procédure longue et complexe
Depuis la fermeture des entreprises qui appartenaient au groupe Melchior, beaucoup d'attentes légitimes ont été déçues. Cent vingt personnes ont perdu leur emploi, mais elles ne sont pas encore officiellement licenciées. La procédure suivie par le mandataire liquidateur est longue et complexe.
De nombreux anciens salariés se retrouvent depuis dix mois en situation de précarité et même de détresse. "Non seulement on n'a pas touché d'argent pour nos mois d'indemnités de congés payés, etc., mais en plus, elle ne nous verse pas notre super privilège, on n'a pas droit au chômage pendant cette période-là, donc certains employés se retrouvent vraiment en grande difficulté financière", témoigne une ancienne salariée du groupe.
Des salariés pas toujours informés
La mandataire liquidateur, Marie-Laure Gastaud, jointe par téléphone, a la mission de calculer les soldes de tout compte, mais le dépôt de l'état des créances n'a pas encore été effectué. Et c'est la direction du travail et de l'emploi qui délivre les autorisations de licenciement.
Le comité d'entreprise du groupe Melchior est l'un des interlocuteurs du côté des salariés qui ne sont pas toujours informés des procédures en cours. "La difficulté, c'est qu'il y a une grande différence entre ce qui nous a été dit au tout début, c'est-à-dire que les échanges allaient être fluides, notamment parce que le comité d'entreprise devait être notre représentant auprès de Marie-Laure Gastaud pour lui poser des questions et avoir des réponses. Alors est-ce qu'on leur a donné les réponses ou est-ce qu'ils ne les ont jamais eues et c'est pour ça qu'ils ne nous les ont pas données, je ne sais pas", ajoute Marine Gachet, ex-salariée du Gratuit.
Je suis content de mon sort finalement, même si, honnêtement, j'ai abandonné un métier que j'adorais.
Pierrick Chatel, ancien journaliste reconverti.
En Métropole, l'AGS, assurance garantie des salariés, joue un rôle de relais pour payer une partie de ce qui est dû aux salariés en attendant que la vente des actifs d'une société mise en liquidation ait lieu. Mais l'AGS n'existe pas ici, il faut donc attendre pendant une période anormalement longue avant d'être indemnisé à la suite d'un licenciement.
Certains anciens salariés ont rebondi, parfois au prix d'un changement radical de métier. "Intellectuellement parlant, c'est vraiment intéressant d'avoir effectué cette bascule, explique Pierrick Chatel, ex-salarié des Nouvelles et secrétaire général de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises). Je suis content de mon sort finalement, même si, honnêtement, j'ai abandonné un métier que j'adorais."
Édition numérique
Avant leur fermeture définitive, Les Nouvelles calédoniennes avaient lancé une édition numérique, sans parvenir à séduire de nouveaux lecteurs. Mais depuis octobre 2023, le groupe Dang a racheté le titre. Une nouvelle vie avec une équipe de six personnes qui croient en la relance du journal accessible sur les écrans. "Dans les prochains mois, on devrait être en mesure de publier des annonces légales, ce qui est très important pour le modèle économique de l'entreprise, indique Baptiste Gouret, un des anciens journalistes des Nouvelles calédoniennes intégrés dans la nouvelle équipe. C'est encourageant, on a des lecteurs qui sont de retour également sur notre site Internet, on voit que les chiffres sont plutôt bons, que ça fonctionne plutôt bien."
En attendant la vente des actifs
L'épilogue de ce délicat dossier semble encore éloigné. La vente des actifs, comme le foncier des imprimeries IRN, celui du Gratuit et les locaux contenus dans l'immeuble Surcouf, au centre-ville, incarne l'espoir d'un dénouement heureux pour les 120 salariés qui ont perdu leur emploi il y a presque un an.