Reprise des vols commerciaux entre Tahiti et la Calédonie : "On a attendu jour après jour", Poerava raconte le calvaire

Poerava et son mari partagent un petit-déjeuner en famille. Ils retrouvent enfin la sérénité.
Un des premiers vols commerciaux a ramené mardi une centaine de Polynésiens de Calédonie, qui subissent les émeutes depuis le 13 mai. Parmi eux, la famille Kamblock, résidente sur le caillou depuis 15 ans...

Heureuse d’avoir fui les violences en Nouvelle-Calédonie... La famille Kamblock revient au fenua après 15 ans. Poerava retrouve ses parents. Elle nous raconte ses nuits horribles, chaussures aux pieds, pour être prêté à évacuer. Elle vit dans la peur depuis cinq semaines.

C'est terrible. Les gens sont encore tous les soirs à défendre leurs maisons, à surveiller le quartier...ça ne va pas mieux ! Et de pouvoir sortir...on a attendu jour après jour. Et quand on a su qu'on prenait ce vol, on a attendu heure après heure de savoir si on allait vraiment pouvoir partir.

Poerava Kamblock –

Résidente de Calédonie depuis près de 15 ans

Rapidement, la famille réunie se dirige vers un petit-déjeuner. Ils se retrouvent autour d'un café, tartines de confiture à la main. "Je suis très rassuré", confie Alexandre Wholer, le père de Poerava, submergé par l'émotion.

Poerava retrouve enfin "la sécurité, l'amour, des choses simples". La sérénité leur a manqué... Son mari, cardiologue du Mont-Dore a perdu son cabinet médical. Il a été saccagé et brûlé. Trente millions de francs investis, partis en fumée. Et l’assurance ne remboursera rien.

Mon cabinet a été totalement détruit et tout le matériel qu'il contenait. Mes patients m'appellent au secours mais je ne peux rien faire pour eux. Je n'ai plus de matériel. On va souffler un peu ici, et voir comment évolue la situation.

Dr Joël Kamblock -

Résident de Calédonie depuis près de 15 ans et mari de Poerava

Sans dette, ils ont eu la chance de pouvoir quitter leur maison, contrairement à plusieurs de leurs amis qui ont dû rester à cause de leurs biens ou de leur prêt bancaire. La seule question qu’ils se posent à présent : la paix pourra-t-elle revenir en Nouvelle-Calédonie après un tel déferlement de violence ?

Un couvre-feu est toujours en vigueur, sur l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie. Mais l'horaire a changé : il est désormais interdit de se déplacer entre 20 heures et 6 heures du matin. La vente d’alcool reste interdite (à l’exception des cavistes), tout comme la vente et le transport d’arme.

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