2024, troisième meilleure saison des baleines à La Réunion

Une baleine à bosse observée (photo d'illustration)
L’année 2024 sera un bon cru, affirme Globice Réunion. Abstraction faite de 2023, année particulièrement exceptionnelle, les eaux réunionnaises ont une nouvelle fois accueillies un grand nombre de spécimens, à condition de leur garantir des conditions idéales.

2023 exceptionnelle, 2024 pas si mal. Difficile d’égaler la saison exceptionnelle de l’an dernier. En 2023, 1 156 baleines ont été recensées dans les eux réunionnaises, trois fois plus que l’année précédente.

Ce record historique pouvait donc difficilement être égalé. Mais si la présence des baleines a été de fait moindre cette année, elle n’en a pas été faible pour autant, insiste Globice Réunion.

 

2024, 3ème meilleure année

Le bilan de la saison 2024 n’est pas encore définitif, les données de photo-identification de l’ONG et des contributeurs dans le cadre du programme de science participative KODAL sont encore en cours d’analyse. Cependant, l’association estime qu’à la mi-septembre 360 baleines à bosse uniques ont été identifiées.

Si l’on fait abstraction au chiffre de 2023, le nombre d’identifications de cette année permet de penser que 2024 sera un " bon cru ". Sur les 20 dernières années, la moyenne se situait en effet à 160 spécimens comptabilisés par an.

Avec ses 360 baleines, à consolider, pour Globice Réunion, 2024 serait la 3ème meilleure saison depuis le début des comptages dans les eaux réunionnaises.

La saison 2023 avec 1156 baleines recensées ne peut servir de référence tant elle s’est avérée être hors norme.

Globice Réunion

 

Des spécimens souvent très discrets

Si le comptage des baleines est désormais bien en place, et renforcé par le programme de science participative KODAL, de nombreux spécimens passent entre les mailles du filet. Une quantité relativement importante n’est donc pas comptabilisée, selon Globice Réunion. 

Une météo défavorable pour les sorties en mer, des baleines qui passent très au large ou qui longent le littoral de nuit, les raisons sont diverses. Aussi, plutôt que le nombre de baleines présentes, l’ONG préfère se référer à la fréquence des observations pour comparer les saisons.

La 1ère caudale de baleine à bosse a été photographiée ce vendredi 17 mai au large de Terre-Sainte.

 

Un catalogue de 3 500 individus

Une baleine est identifiée par la face intérieure de sa nageoire caudale, qui reste unique à chaque individu. Le catalogue de caudales de Globice Réunion compte environ 3 500 individus identifiés depuis 2001.

Depuis deux ans, l’organisation scientifique Happy Whale, a créé un outil d’intelligence artificielle qui permet de comparer les nouvelles photos transmises à ce catalogue régional. Certains spécimens vus dans les eaux réunionnaises, l’ont parfois été à plusieurs reprises, d’autres dans d’autres régions de l’hémisphère Sud, comme au Brésil.

Une baleine à bosse observée au large de Saint-Pierre

 

La ressource alimentaire influence la migration

Si une explication exacte et précise de la présence en nombre des baleines dans les eaux réunionnaises ne peut être fournie, selon Globice Réunion, des hypothèses peuvent néanmoins être formulées.

Aussi, le réchauffement climatique, induisant la fonte de la glace de mer et donc la libération des larves de krill qui s’y fixent, aliment essentiel des baleines, en est un des facteurs. Davantage nourries, les baleines à bosses disposent de l’énergie nécessaire pour entreprendre leur périple.

L’abondance et la disponibilité du krill dont elles se nourrissent apparaissent être des variables déterminantes et explicatives.

Globice Réunion

Reste à comprendre le choix de la destination, en déterminant notamment ce qui les poussent à choisir telle ou telle zone de reproduction dans l’Océan Indien.

 

Une population décimée par la chasse industrielle avant 1982

Décimées par deux siècles de chasse industrielle intensive, les populations de grands cétacés se sont peu à peu reconstituées depuis le moratoire de 1982. Avant les années 2000, leur observation était rare, voire nulle, au large de la Réunion. Pourtant, les eaux réunionnaises restent une zone de reproduction ancestrale des baleines à bosse.

Aujourd’hui, on estime à environ 100 000 le nombre de baleines à bosse dans l’hémisphère Sud.

Globice Réunion

Avec la fin de la chasse dans l’hémisphère Sud en 2019, les observations sont de plus en plus nombreuses au large de La Réunion. Depuis 2019, le Japon s’est replié dans sa zone économique exclusive pour poursuivre cette activité de chasse.

 

Vers une évolution de l’observation des baleines

Si la menace de la chasse des baleines à bosse est désormais écartée dans l’hémisphère Sud, d’autres activités de l’homme peuvent leur porter préjudice. L’observation des baleines en mer, depuis un bateau ou par la mise à l’eau, exerce tout de même une pression sur ces animaux venus se reproduire ou mettre bas dans les eaux réunionnaises.

Une charte d’approche a bien été mise en place, mais est-ce suffisant ? Les autorités ont d’ores et déjà fait savoir que l’arrêté préfectoral de 2021, en définissant les règles, devrait être revu à la fin de cette saison.

Des inquiétudes se font jour sur le niveau de soutenabilité de ce niveau pression qui pourrait être notamment préjudiciable aux couples "mère-baleineau", en quête de tranquillité pendant cette période de leur cycle migratoire où elles sont particulièrement vulnérables.

Globice Réunion

Globice Réunion rappelle que les baleines choisissent leurs zones de reproduction et de mise bas en fonction des conditions qu’elles y trouvent.

Baleine et son baleineau au Cap Homard

Pour en savoir plus sur ces géants des mer, profitez de la Fête de la sicence du 4 au 14 octobre.