Selon cet agriculteur de Sainte-Rose, "la campagne promet" : sur sa parcelle, il est obligé de se frayer un chemin à travers la densité de cannes déjà matures, prêtes à être coupées. D'ailleurs, la coupe, il l'a débutée depuis la semaine dernière, alors même que l'usine de Bois Rouge ne pourra pas les recevoir avant le 7 août, selon les informations communiquées par l'industriel lors d'une réunion en préfecture mercredi soir.
Alors pour Fabrice Elisabeth, tant pis si ces cannes coupées vont perdre en sucre et en poids. Car, dit l'agriculteur, le temps restant pour la campagne, à compter du 7 juillet, sera trop peu pour arriver au bout de ses 12 hectares de cannes. "18 semaines lé dur !" s'exclame-t-il.
"I achève décourage le peu d'planteurs"
Car la main d'oeuvre pour couper la canne se fait rare, et le producteur voudrait éviter que sa production soit complètement gâchée. "Fini met' l'engrais et désherbant, la fin d'l'année faut nou paye nout dette ! I achève décourage le peu d'planteurs", commente-t-il la situation actuelle.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Tereos demande aux planteurs de ne plus couper
Pourtant, si Fabrice Elisabeth a décidé de commencer la coupe, la direction de Tereos elle, demande aux planteurs de ne pas la démarrer "ou l'arrêter le cas échéant, tant que les Commissions mixtes d'usine n'ont pas arrêté une date de démarrage".
Retard record pour la campagne
Rappelons que l'usine de Bois Rouge opère actuellement des changements au niveau de ses chaudières à vapeur, causant le retard de démarrage de la campagne sucrière pour le bassin Nord-Est. La date avancée dernièrement ? Le 7 août, au mieux. Soit environ un mois de retard par rapport à la date habituelle de début de campagne. D'où l'inquiétude des planteurs : non seulement, ils ont des cannes déjà matures qui vont perdre en richesse, notamment attaquées par les rats, mais ils craignent aussi de devoir travailler sous pression en un temps réduit.
Des cannes réceptionnées pour les essais à Bois Rouge
Ce vendredi 21 juillet 2023, l'industriel Tereos a fait savoir que "par solidarité avec les planteurs et pour limiter la quantité de cannes en souffrance au sol", la sucrerie allait recevoir davantage de cannes que prévu pour les essais sur l'usine de Bois Rouge le 24 juillet prochain. Voilà qui permettrait de prendre en charge une partie des cannes déjà coupées dans les champs, en tout cas pour les planteurs de Sainte-Marie et Saint-André.
Et lors de l'ouverture de l'usine du Gol
En revanche, pour les planteurs de certains secteurs comme Sainte-Rose et Saint-Benoît, leurs cannes seront réceptionnées les deux premiers jours d'ouverture de l'usine du Gol, soit vers le 26 juillet, la date officielle n'étant toujours pas validée.
"Ainsi, les planteurs de La Mare, Bois-Rouge et Pente Sassy, dont les cannes sont déjà coupées dans les champs, sont invités à se rapprocher de leur pôle canne pour obtenir une livraison le 24 juillet. Ces livraisons devront se faire directement et exclusivement sur le site de Bois-Rouge. Les plateformes de La Mare et de Pente Sassy resteront fermées. Les planteurs de Ravine Glissante (Sainte Rose) et de Beaufonds (Saint Benoit) étant trop éloignés de Bois-Rouge, leurs centres seront respectivement ouverts le 1er jour d’ouverture de la sucrerie du Gol pour Ravine Glissante, et le 2nd jour d’ouverture de la sucrerie du Gol pour Beaufonds"
Tereos Sucre Océan Indien
Pas d'informations sur les quantités de vapeur disponibles
Malgré tout, les essais des chaudières de la centrale thermique n'étant pas terminés, Tereos souligne qu'Albioma ne peut pas encore préciser les quantités de vapeur disponibles, et donc les volumes de cannes que les usines seront en capacité de réceptionner.
"Il convient de souligner qu’à ce jour, il n’y a pas de certitude ni sur les quantités de vapeur, ni sur la date de fonctionnement à plein régime qu’Albioma pourra tenir", insiste Tereos, demandant donc aux planteurs de ne pas se lancer dans la coupe pour l'instant.
Au sortir de la rencontre réunissant les acteurs de la filière canne et le préfet mercredi soir, des syndicats dont l'UPNA, sollicitaient une indemnisation par les industriels pour compenser la perte des cannes qui resteraient au pied. Une demande, selon Dominique Clain, président de l'UPNA, restée sans réponse à ce jour.