Chasse tangue : après suspension de l'arrêté, la saison s'apprête à reprendre, les licences à nouveau en vente

Censée initialement débuter le 17 février dernier, la chasse aux tangues n'a toujours pas commencé. Mais la saison s'apprêterait à ouvrir ce vendredi 15 mars 2024, sur une période resserrée d'un mois, jusqu'au 15 avril. 

En cause, la décision du juge des référés du tribunal administratif, le 12 février dernier, de suspendre la chasse tangues suite à procédure d'urgence engagée par l'association de défense des animaux One Voice. Laquelle soulignait que la période choisie pour la chasse de ces petits rongeurs menaçait la pérennité de l'espèce. 

Un nouvel arrêté en attente de publication

One Voice ayant obtenu gain de cause, le précédent arrêté préfectoral a été annulé, et un nouveau a été préparé. Il prévoit d'autoriser la chasse à de nouvelles dates, a priori du 15 mars au 15 avril. Toutefois, à ce jour, lundi 11 mars 2024, le nouvel arrêté préfectoral n'a officiellement pas été publié pour le moment.  

Les chasseurs craignent la fatigue de leurs chiens

Pour un des passionnés interrogés, l'ouverture de la chasse tous les jours de la semaine - du lever au coucher du soleil - au lieu des mercredis, samedis et dimanches précédemment, n'est pas forcément une bonne chose. La raison : des chiens qui se fatigueront trop vite à devoir traquer le petit animal plusieurs jours d'affilée et sans période de repos. Il craint donc que cette année, le nombre de tangues prélevés soit en baisse, à moins que le chasseur possède plusieurs chiens. 

Une muselière pour éviter de tuer des jeunes tangues

Pour Thomas, un autre chasseur de tangue, même en mars, certains animaux seront encore trop jeunes pour être chassés. Il espère donc que les autres pratiquants de cette activité muniront leur chien de muselière pour éviter qu'ils ne tuent les tangues encore juvéniles. 

"Le problème c'est la méthode de chasse. I faut nout tout nou mett' muselière su nout chien et nou préserve nout tang ! Nout ti tang nou laisse dann trou et nou bez pa le momon. Na un bon peu i fé sa, kan ou garde su les réseaux na bann boug i venn tang, lé ti" 

Thomas, chasseur de tangues

Multiplier les contrôles 

D'où l'importance de multiplier le nombre de brigades pour surveiller les forêts, jour comme nuit, selon lui, qui en 20 ans de chasse avec permis dit s'être fait contrôler une seule fois. Cette année, sa licence en poche, il espère se rendre en forêt cinq jours par semaine. D'autant que "mois de mars, tang lé plus gros lé plus joli", dit-il. 

Le nombre de licences achetées en baisse

Stéphane Defranou, directeur adjoint de l'Office national des forêts (ONF) de La Réunion, rappelle pour sa part que le pilotage des arrêtés est la compétence de la préfecture, et que l'Office se contente de vendre les licences pour autoriser les personnes à chasser sur ses terrains.

D'ailleurs, pour 2024, le nombre de ces licences est en baisse, constate-t-il. Si la vente a repris ce lundi 11 mars, à ce jour, seulement 600 personnes ont acheté la leur début février. Les années précédentes, ce sont 800 à 900 licences qui étaient vendues, précise Stéphane Defranou. Les incertitudes autour du calendrier de chasse semblent avoir refroidi de nombreux amateurs, qui, pour certains, pourraient même avoir décidé de s'en passer, tout comme de faire fi des périodes réglementaires. 

L'ONF se dit mobilisée contre le braconnage

A ce sujet, Stéphane Defranou rappelle que l'ONF sera présent aux côtés de ses autres partenaires comme l'Office français de la biodiversité et la gendarmerie. Le braconnage de tangues est, pour rappel, sanctionné.  "A partir du moment où on braconne on risque la saisie de tous les objets, y compris les véhicules qui ont servi au braconnage" souligne le directeur adjoint de l'ONF. 

Reprise des ventes de licence du 11 au 14 mars 

En prévision de l'ouverture de la chasse tangues en fin de semaine, et "sous réserve de la publication officielle de l'arrêté préfectoral", l'Office national des forêts a rouvert depuis ce lundi 11 mars la vente des licences de chasse. Elles ont lieu comme suit : 

•  au bureau de l'ONF de Bourg-Murat à la Plaine-des-Cafres, les mardi 12 mars et jeudi 14 mars, de 6 heures à 11 heures 
• au bureau de la direction de régionale de l'ONF au Domaine de la Providence à Saint-Denis, les lundi 11 mars, mardi 12 mars et mercredi 13 mars, de 8 heures à 12 heures et de 13h30 à 16 heures 

Le prix d'une licence pour un lot est de 60 euros, et de 150 euros pour le forfait de chasse sur les 13 lots ouverts (soit plus de 25 000 hectares). 

100 000 tangues prélevés chaque année 

Chaque année, ce sont environ 100 000 tangues qui seraient prélevés lors de la période officielle de chasse. Sans compter les animaux braconnés, dont on ignore le nombre. Pour rappel, la Fédération départementale de chasse comptabilise les prises des chasseurs sous licence, à qui il est demandé de relever dans un carnet de prélèvement le nombre de tangues capturés. 

Tangues trop jeunes et femelles allaitantes 

Pour rappel, l'association One Voice considérait que la période retenue initialement pour la chasse tangues portait préjudice à l'espèce, encore en phase de reproduction à ce moment de l'année : soit les femelles sont encore pleines, soit elles allaitent encore les petits, faisait-elle valoir auprès du tribunal administratif. 

Après la décision du juge des référés, le 16 février les chasseurs avaient décidé de se mobiliser devant la préfecture pour dire leur mécontentement face au décalage de la période de chasse. 

Quatre braconniers de bichiques verbalisés à Bras-Panon

Enfin, à noter aussi qu'en matière de braconnage, les militaires de la réserve opérationnelle de La Réunion et les enquêteurs de l'Office français de la Biodiversité ont pris en flagrant délit 4 pêcheurs de bichiques à Bras-Panon. Ils ont été verbalisés, et les bichiques tout comme leur matériel ont été saisis.

Pêche bichique autorisée entre début septembre et fin 29 février 

La pêche de ces alevins est réglementée à La Réunion, et était autorisée du 1er septembre 2023 jusqu'au 28 février 2024. La saison qui vient de s'achever, était, de l'avis des pêcheurs plutôt mitigée.