Convention canne : les planteurs se sont mobilisés devant les centrales thermiques ce jeudi

Les planteurs à Bois Rouge ce jeudi 23 juin, dans l'attente d'un rendez-vous avec Albioma.
Les planteurs de canne ne relâchent pas la pression : après une rencontre mercredi avec le préfet, ils ont obtenu deux réunions avec les dirigeants d'Albioma en fin de matinée. Si les planteurs entendaient bloquer le site du Gol à Saint-Louis, ils ont fini par lever le camp dans l'après-midi de ce jeudi.

La mobilisation des planteurs pour une revalorisation de la convention canne se poursuit encore ce jeudi 23 juin, à quelques jours du démarrage de la campagne sucrière. Les planteurs réclament toujours davantage de transparence de la part des industriels. Si une réunion entre le préfet et les représentants de Tereos avait été annoncée pour ce jeudi, elle a été reportée à vendredi.

Les prochaines négociations elles, devraient se tenir en préfecture mardi prochain, le 28 juin 2022. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Ce jeudi, les planteurs de canne ont poursuivi leur mobilisation devant les centrales thermiques de Bois Rouge et du Gol. Ils ont rencontré des dirigeants d’Albioma afin d’évoquer une revalorisation de la bagasse, utilisée pour produire l’électricité.

Après une réunion avec le CPCS (comité paritaire de la canne et du sucre) avec le Département, la Région, l'intersyndicale et Tereos mardi, qui n’a abouti à aucune réelle avancée, le préfet a reçu les planteurs et a tenu à les rassurer mercredi. Ce jeudi, voici les planteurs devant les centrales thermiques Albioma, alimentées entre autres par la bagasse pour la production d'électricité.

Plusieurs centaines de planteurs mobilisés

Ce jeudi matin, les planteurs ont profité d’une journée Portes ouvertes de la centrale de Bois Rouge, organisée pour les 30 ans d'Albioma, pour mener une action devant le site. “Entre 150 et 200 planteurs”, selon les Jeunes Agriculteurs (JA) de La Réunion, se trouvaient donc ce jeudi matin sur le site de Bois Rouge, réclamant une réunion avec un responsable.

La centrale du Gol bloquée

A la centrale thermique du Gol également, une centaine de planteurs en a fait de même. A la mi-journée, des agriculteurs de la FDSEA et des JA avaient décidé de ne plus quitter le site du Gol, bloquant l'entrée d'Albioma au moyen de tracteurs. Ils souhaitaient empêcher l'entrée du charbon, livré en soirée, qui alimente la centrale hors période de campagne sucrière. 

Ils ont finalement décidé de lever le camp dans l'après-midi.

Les planteurs se préparent à s'installer sur la durée sur le site du Gol à Saint-Louis.

 

Deux réunions avec Albioma 

Dans le Sud comme dans l’Est, les planteurs ont obtenu une rencontre avec Albioma. Vers 11h, deux réunions se sont tenues simultanément : ils ont été reçus, à la centrale de Bois Rouge par le président d’Albioma, et à la centrale du Gol par le directeur d’Albioma Gol. 

Une revalorisation de la bagasse réclamée

Lors de cette rencontre, il s’agissait d'essayer d’avancer plus précisément sur “la revalorisation de la bagasse, qu’Albioma achète à Tereos pour les besoins des centrales”, expliquent les Jeunes Agriculteurs. 

Aujourd’hui notre bagasse n’est plus un déchet, c’est une bio-énergie. On veut mettre la pression sur eux. On parle beaucoup du bilan carbone, ici la bagasse est locale, elle n’impacte pas l’environnement”, fait remarquer Loïc Cadet des Jeunes Agriculteurs, dénonçant l’importation de bois pour les centrales alors que des ressources existent localement. 

12,50 euros la tonne de bagasse 

Actuellement, la tonne de bagasse est achetée aux planteurs au prix de 12.50 euros la tonne. Un montant  insuffisant aux yeux des planteurs, qui souhaitent que cette ressource permettant une production d'énergie propre soit payée à sa juste valeur. "Nou souhaiterai un minimum de 10 euros supplémentaire sur la tonne de canne", annonce pour sa part Guillaume Sellier, président des Jeunes Agriculteurs Réunion.

Albioma prêt à investir dans la filière sous certaines conditions, selon les JA

Au sortir de cette réunion avec le président d'Albioma Bois Rouge, Pascal Langeron, le co-président du CPCS et représentant des Jeunes Agriculteurs (JA), Pierre-Emmanuel Thonon, réagissait : "Après de longues discussions avec le président d'Albioma, il est prêt à intervenir pour restructurer et sauver la filière". Mais il s'agit désormais de se mettre autour de la table avec l'ensemble des acteurs pour avoir des engagements clairs, souligne Pierre-Emmanuel Thonon. 

Les précisions de Pierre-Emmanuel Thonon à Réunion La 1ère : 

Le président d’Albioma est prêt à investir dans la filière canne sous certaines conditions : une augmentation du tonnage de cannes, et une augmentation du taux de fibre pour avoir plus de bagasse et produire plus d’énergie propre. Tereos a certains verrous dans sa main, on espère faire sauter ces verrous dans les prochains jours.

Pierre-Emmanuel Thonon, co-président CPCS, Jeunes Agriculteurs

Pas d'avancée mercredi 

Depuis le mardi 21 juin, les planteurs de canne à sucre réclament une révision de la convention canne, notamment afin de faire bouger les lignes sur le prix fixe de la canne à l’achat. Selon les agriculteurs, le prix de la canne n’a pas augmenté depuis 40 ans. Or, avec l’inflation, ils ont désormais du mal à investir pour développer leurs exploitations, font-ils valoir. Le directeur agricole de Tereos lui, demande une garantie de l’Etat pour l’achat de la canne à un prix fixe. 

Ce jeudi, les planteurs étaient devant les centrales thermiques du Gol et de Bois Rouge, alimentées en période de campagne sucrière, par la bagasse.

Mercredi, aucun accord n’a émergé. Le préfet, le matin, a tenu à rassurer les planteurs, et devrait intervenir prochainement afin d’arbitrer les négociations, alors que la campagne sucrière approche à grands pas. 

"Nou lé en train de tourne en rond"

Nou peut pas dire que les négociations la avancé. Le préfet sera maintenant l’arbitre de ces négociations, c’est déjà une bonne chose. Depuis maintenant cinq ou six mois les négociations lé en cours : Tereos renvoie la balle à Albioma, Albioma renvoie la balle à Tereos, à l’Etat... Nou lé en train de tourne en rond.

Bryan Alaguirissamy, FDSEA. 

"On y croit encore" 

Pierre-Emmanuel Thonon, lui, soulignait ce jeudi l'importance de la filière canne sur l'île. 

On garde espoir. On voit que la canne a de l’avenir, c’est tout le passé de La Réunion, c’est tout ce qui a structuré l’économie de La Réunion, on y croit encore. Mais il faut que les industriels autour de la table se rendent compte de ça. 

Pierre-Emmanuel Thonon, Jeunes Agriculteurs

Les précisions de Pierre-Emmanuel Thonon à Réunion La 1ère : 

Troisième jour de mobilisation cette semaine

Une semaine après leur marche noire dans les rues de Saint-Denis, les planteurs ont durci leur mobilisation, le mardi 21 juin, menant une opération escargot qui a regroupé plus d’une centaine d’agriculteurs de l’Est et du Sud.

Après le blocage du boulevard la Providence, les planteurs avaient ensuite positionné leurs tracteurs près de la direction de l'agriculture et du CTICS, à Saint-Denis, où ils ont passé la nuit de mardi à mercredi