En ce début d'année, l'Observatoire des prix, marges et revenus (OPMR) de La Réunion a souhaité présenter son bilan d'activité 2023, et donner ses perspectives d'action pour 2024 alors que le pouvoir d'achat des ménages réunionnais subit depuis plusieurs mois l'inflation.
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"Sur 2023, on a constaté une dégradation assez importante du pouvoir d'achat, avec l'inflation comme facteur très important, et les revenus n'ont pas suivi cette augmentation globale des prix, provoquant une relative crispation au niveau des ménages", résume Jocelyn Cavillot, vice-président de l'OPMR. Et ce dans un contexte local difficile marqué par "peu d'emplois et une faiblesse des revenus", poursuit-il.
"Globalement, au niveau du BQP, les enseignes jouent le jeu, mais il y a des points où il faut encore travailler".
Jocelyn Cavillot, vice-président de l'OPMR
Les enseignes jouent le jeu du BQP
Sur l'année qui vient de s'écouler, l'Observatoire a effectué plusieurs constats, notamment en ce qui concerne le Bouclier-Qualité-Prix (BQP). Bonne nouvelle, la quasi-totalité des enseignes jouent le jeu de ce panier de 153 articles dont le prix est bloqué à 348 euros actuellement.
Faire en sorte que le BQP n'augmente pas
Malgré tout, les produits du BQP ne constituent que moins de 3% du chiffre d'affaires de la grande distribution. Il faut que ses acteurs "jouent leur rôle" appelle Jocelyn Cavillot, et fassent en sorte qu'en 2024 le prix de ces produits n'augmente pas.
"Ce qu'on demande, c'est que les acteurs économiques continuent leurs efforts sur les taux de rupture, la visibilité des produits BQP et sur le respect des engagements pris"
Jocelyn Cavillot, vice-président de l'OPMR
Difficultés sur les produits frais
En revanche, une catégorie de produits échappe aux efforts, et concentre "l'essentiel des anomalies de prix et d'affichage" : l'épicerie et les produits frais. De surcroît, pour ces derniers, le taux de rupture est de 22%, contre 13% sur les autres catégories.
En faveur d'un panier péi
Autre recommandation : la mise en place d'un "panier péi" contenant des fruits et légumes de La Réunion. Un dispositif déjà lancé par l'enseigne E.Leclerc, et qui offre aux consommateurs la possibilité d'acheter cinq fruits et légumes péi à bas prix. "On demande que ce soit généralisé en 2024, parce que c'est un élément qualitatif. A La Réunion il y a une production qui est capable de nous approvisionner", souligne Jocelyn Cavillot.
Attente des engagements
Pour cette année, qui démarre, l'Observatoire des prix attend aussi de pied ferme la concrétisation des engagements pris par les acteurs de la grande distribution lors de la dernière assemblée plénière de l'OPMR. En août dernier, GBH comme Leclerc avaient accepté de faire preuve davantage de transparence sur la formation de leurs prix et sur leurs marges.
Octroi de mer
Outre les produits alimentaires, l'OPMR s'est aussi intéressé à la problématique de l'octroi de mer en 2023, menant une étude sur le sujet. Conclusion : "Il n'y a pas suffisamment de transparence dans la gestion et la gouvernance de cette taxe payée par les consommateurs, (...) pas de retour sur comment on l'utilise et comment on fixe les taux et exonérations", selon le vice-président de l'OPMR. L'Observatoire a d'ailleurs émis deux propositions à ce sujet : plus de transparence, et le remplacement de l'octroi de mer par une taxe régionale.
Formation des prix du carburant
En 2024, l'attention de l'OMPR se portera tout particulièrement sur la constitution des prix du carburant, fixée il y a 10 ans par l'arrêté de 2014. "Il y a nécessité aujourd'hui de regarder si les marges fixées pour la rémunération du stockage, des grossistes, sont toujours d'actualité", fait valoir Jocelyn Cavillot, prônant une exigence de transparence. Celle-ci n'est d'ailleurs pas toujours respectée, avance l'OPMR. En 2023, seules 30 stations-services sur 160 ont transmis leurs comptes, malgré le fait qu'il s'agit d'une obligation réglementaire.
Il sera aussi question de faire le point sur les préconisations issues des études réalisées précédemment, sur le développement du commerce de proximité par exemple.
"On va continuer à travailler pour identifier les problématiques au fond, de manière structurelle, pour améliorer le pouvoir d'achat, on va travailler sur le niveau des revenus et l'emploi"
Jocelyn Cavillot, vice-président de l'OPMR