A deux mois du début de la campagne sucrière à La Réunion, les agriculteurs haussent le ton. Les Jeunes agriculteurs, la CGPER, l'UPNA et la FDSEA se sont réunis en intersyndicale, ce mercredi matin, face à l'usine de Bois Rouge, à Saint-André, pour rappeler l'urgence de la situation.
Revoir le reportage de Réunion La 1ère :
Une enveloppe de 14 millions d'euros accordée aux planteurs
Car à ce jour, la nouvelle convention canne pour la période 2022-2027 n'est toujours pas signée. Pour rappel, le 15 décembre dernier, l’ensemble des acteurs de la filière canne parlaient d’une même voix pour réclamer le soutien de l’Etat, à travers la dotation d'une enveloppe supplémentaire de 35 millions d'euros, dont 20 millions pour soutenir les planteurs et 15 millions pour les industriels.
L'État s'est entretemps engagé à hauteur de 14 millions d'euros en faveur des planteurs. Mais depuis, les discussions ont été interrompues, élection présidentielle oblige, alors qu'il reste encore de nombreux points à évoquer, souligne l'intersyndicale.
Le silence de l'Etat
"Maintenant, on veut du concret et pour l’instant, on n'en a pas !, déplore Guillaume Sellier, le président des Jeunes Agriculteurs. Tereos a demandé une aide complémentaire à l’Etat mais pour l’instant, ils n’ont pas de réponse. Et sans cette réponse, Tereos ne souhaite pas avancer davantage dans les discussions".
"L'union sacrée" affichée en fin d'année dernière a ses limites... "On se retrouve donc bloqués alors que la campagne arrive et qu’on a donc besoin d’être fixés. Ce n’est pas en juin ou en juillet, lorsque la campagne va débuter que l’on négociera quoi que ce soit. Il faut négocier en amont", lance encore Guillaume Sellier.
La filière durement touchée par l'inflation
Dominique Clain, le président de l’UPNA, appelle lui aussi que l'Etat à se prononcer. "Tereos nous dit que si l’Etat ne met rien sur la table, il n’ouvrira pas la convention canne et il ne reverra pas non plus le prix de la tonne de canne à la baisse. Chose que nous ne pouvons pas accepter", assure le représentant syndical.
"On a déjà mené un combat pour décrocher les 14 millions d’euros, ce qui représente environ 6 euros par tonne de canne. Mais ces 14 millions sont déjà absorbés par l’inflation des prix des intrants qui ont tellement augmenté", argumente encore M. Clain.
Mécanisation et revolarisation de la bagasse
L'intersyndicale interpelle ainsi directement le préfet de La Réunion Jacques Billant. "C'est le préfet qui est mandaté pour piloter cette convention canne ! Lui seul est en mesure de mettre tout le monde autour de la table pour négocier cette convention le plus rapidement possible afin de relancer cette filière".
La profession serait à l'heure actuelle "découragée", lâchent les porte-paroles. "La filière est en train de mourir !" Et les points de discussion pour relancer la filière sont multiples, à commencer par le sujet de la mécanisation ou encore celui de l'énergie à travers une revalorisation du prix de la bagasse.
De nouvelles actions à venir
Et là encore, c'est l'Etat qui aurait la main sur la question. "Sans un positionnement de l’Etat via la CRE, la Commission de régulation de l’énergie, on ne peut pas négocier, justifie Guillaume Sellier. Les élections présidentielles sont maintenant derrière nous, il faut qu’on passe la seconde parce que la campagne arrive à grand pas et il est hors de question de négocier sous la pression".
Les planteurs annoncent qu'ils sont prêts à se faire entendre en se mobilisant massivement. Et pas question non plus d'attendre la fin des élections législatives. Il lance un ultimatum pour avoir une réponse avant la fin de la semaine prochaine.
La filière canne représente 18 000 à 20 000 emplois directs et indirects à La Réunion.